Première interception d'un drone chinois WZ-7 Soaring Dragon
Première interception d'un drone chinois WZ-7 Soaring Dragon
© @jointstaffpa (Twitter)

publié le 03 janvier 2023 à 17:30

786 mots

Première interception d'un drone chinois WZ-7 Soaring Dragon

Alors que les interceptions d'appareils chinois sont quotidiennes au Japon, ce début d'année commence par une double exception. Les 1er et 2 janvier, des chasseurs japonais ont décollé pour intercepter un drone chinois évoluant non loin de l'espace aérien japonais. C'était une première car il s'agissait du dernier né des drones de reconnaissance HALE chinois, à savoir le WZ-7 Soaring Dragon.


Nombreuses interceptions japonaises

Durant la guerre froide, la Force aérienne d'autodéfense japonaise (FAAJ) effectuait en moyenne 900 interceptions d'appareils, pour la plupart soviétiques. Ce nombre est descendu dans une fourchette de 100 à 300 interceptions durant les années 1990 et 2000. Cependant, avec la montée en puissance de l'Armée populaire de libération, ce chiffre a augmenté au début des années 2010, jusqu'à cumuler le chiffre record de 1.168 interceptions, dont un total de 851 interceptions d'appareils de combat chinois pour l’année 2016 !

Une première interception d'un WZ-7

Ces 1er et 2 janvier, les Japonais ont une nouvelle fois fait décollé des chasseurs (modèle non spécifié) afin d'intercepter un appareil chinois. Chaque interception est confirmée par un communiqué de l'état-major interarmées des Forces d'autodéfense japonaise (communiqué du 1er janvier, communiqué du 2 janvier).

Cependant, l’interception concernait un appareil ou plutôt un drone qui n’avait jamais été vu d’aussi près par des pilotes japonais : il s’agissait d’un drone WZ-7 chinois survolant l'espace aérien international entre les îles d'Okinawa et de Miyakojima. Le drone est arrivé sur zone par la mer de Chine orientale afin de se diriger vers l'océan Pacifique. Après sa patrouille, le WZ-7 a effectué le trajet inverse.

Cette interception est préventive ; le drone est resté dans l'espace aérien international mais devait être escorté dans le cas où ce dernier s'égarait dans l'espace aérien au-dessus des deux îles japonaises. Cette interception, effectuée le 1er janvier s’est répétée le lendemain, lorsqu’un WZ-7 a effectué le même trajet. Ce drone est comparable en termes de capacités au drone américain RQ-4 Global Hawk.

Interception le 1er janvier 2023 d'un drone WZ-7 Soaring Dragon par la JASDF.
Interception le 1er janvier 2023 d'un drone WZ-7 Soaring Dragon par la JASDF. © @jointstaffpa (Twitter)
Interception le 1er janvier 2023 d'un drone WZ-7 Soaring Dragon par la JASDF.
Trajet du drone WZ-7 Soaring Dragon.
Trajet du drone WZ-7 Soaring Dragon. © Japan Joint Staff
Trajet du drone WZ-7 Soaring Dragon.

WZ-7 Soaring Dragon

Ce drone de reconnaissance est très récent : il serait entré en service en 2018 au sein de la Force aérienne de l'Armée populaire de libération (FAPL) et serait également utilisé au sein de l'Aéronavale de la Marine de l'Armée populaire de libération (AMAPL). Des modèles à l'échelle 1/1 sont présentées au grand public au début des années 2000 mais il faut attendre le salon aérospatial de Zhuhai (Guangdong, Chine) de 2021 pour voir le premier WZ-7 (réel) être exposé au grand public. Il est utilisé par la Force aérienne de l'armée populaire de libération (FAPL) pour des missions de reconnaissance maritime ou le long des frontières de la Chine. Il peut être utilisé comme relai de communication entre deux unités. Certaines informations indiquent aussi une capacité de brouillage de signal GPS (à confirmer). 

Il s'agit d'un drone de haute altitude et de longue endurance (HALE) : autonomie estimée à 7.000 kilomètres et un plafond estimé à 60.000 pieds (18,3 kilomètres d'altitude). Le drone dispose d'un radar à synthèse d'ouverture situé à l'avant (ventre de l'appareil), d'un moteur chinois WP-13 (copie du R-13 russe) à l'arrière, avec une entrée d'air située devant l'empennage en V. Il est facilement reconnaissable de par sa forme en diamant : les stabilisateurs horizontaux rejoignent les ailes. Il fait 14 mètres de long et 22,8 mètres d'envergure.

Présentation d'un WZ-7 Soaring Dragon par les Forces armées chinoises.
Présentation d'un WZ-7 Soaring Dragon par les Forces armées chinoises. © CCTV News
Présentation d'un WZ-7 Soaring Dragon par les Forces armées chinoises.

Pression chinoise en Asie

La Chine cherche par tous les moyens à contrôler ses approvisionnements maritimes en matière premières en provenance de l'océan Indien et l'océan Pacifique vers son territoire. Pour y arriver, la Chine s'est implantée en mer de Chine sur des îles artificielles. Sa flotte de combat monte également en puissance ainsi qu'en qualité : la Marine chinoise est passée d'une marine disposant d'un nombre important de petites unités (patrouilleurs, corvettes) à une marine plus professionnelle, avec des moyens plus lourds, aux capacités de projection mondiale grâce à de nouveaux ravitailleurs d'escadre, permettant la projection d'escadres centrées autour de porte-avions.

Les îles japonaises, taïwanaises et philippines semblaient donc seulement menacées sur leur flanc ouest mais avec cette montée en puissance, la Chine se déploie désormais dans l'océan Pacifique et en mer des Philippines. D'ailleurs, le porte-avions Liaoning (classe Kiev modifiée par la Chine, Type 001, 16) a effectué des manœuvres aéronavales à quelques centaines de kilomètres à l'Est et au Sud-Est des îles citées précédemment. Le porte-avions était accompagné par :

  • Destroyer lance-missiles Chengdu (Type 052D, classe Luyang III, n° de coque : 120)
  • Croiseur lance-missiles* Anshan (Type 055, classe Renhai, n° de coque 103)
  • Croiseur lance-missiles* Wuxi (Type 055, classe Renhai, n° de coque 104)
  • Frégate Zaozhuang (Type 054A, classe Jiangkai, n° de coque 542)
  • Ravitailleur d'escadre Hulunhu (Type 901, classe Fuyu, n° de coque 901)

Ces manœuvres éloignées représentent tout de même une menace indirecte pour le Japon, Taïwan et les Philippines : la Chine est désormais capable de se projeter au-delà de la mer de Chine, portant ainsi la menace chinoise à 360° pour les îles proches de la Chine.

*Les navires de Type 055 sont identifiés en Chine comme étant des destroyers mais leurs capacités correspondent à des croiseurs lance-missiles.

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03/01/2023 17:30
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Première interception d'un drone chinois WZ-7 Soaring Dragon

Alors que les interceptions d'appareils chinois sont quotidiennes au Japon, ce début d'année commence par une double exception. Les 1er et 2 janvier, des chasseurs japonais ont décollé pour intercepter un drone chinois évoluant non loin de l'espace aérien japonais. C'était une première car il s'agissait du dernier né des drones de reconnaissance HALE chinois, à savoir le WZ-7 Soaring Dragon.

Première interception d'un drone chinois WZ-7 Soaring Dragon
Première interception d'un drone chinois WZ-7 Soaring Dragon

Nombreuses interceptions japonaises

Durant la guerre froide, la Force aérienne d'autodéfense japonaise (FAAJ) effectuait en moyenne 900 interceptions d'appareils, pour la plupart soviétiques. Ce nombre est descendu dans une fourchette de 100 à 300 interceptions durant les années 1990 et 2000. Cependant, avec la montée en puissance de l'Armée populaire de libération, ce chiffre a augmenté au début des années 2010, jusqu'à cumuler le chiffre record de 1.168 interceptions, dont un total de 851 interceptions d'appareils de combat chinois pour l’année 2016 !

Une première interception d'un WZ-7

Ces 1er et 2 janvier, les Japonais ont une nouvelle fois fait décollé des chasseurs (modèle non spécifié) afin d'intercepter un appareil chinois. Chaque interception est confirmée par un communiqué de l'état-major interarmées des Forces d'autodéfense japonaise (communiqué du 1er janvier, communiqué du 2 janvier).

Cependant, l’interception concernait un appareil ou plutôt un drone qui n’avait jamais été vu d’aussi près par des pilotes japonais : il s’agissait d’un drone WZ-7 chinois survolant l'espace aérien international entre les îles d'Okinawa et de Miyakojima. Le drone est arrivé sur zone par la mer de Chine orientale afin de se diriger vers l'océan Pacifique. Après sa patrouille, le WZ-7 a effectué le trajet inverse.

Cette interception est préventive ; le drone est resté dans l'espace aérien international mais devait être escorté dans le cas où ce dernier s'égarait dans l'espace aérien au-dessus des deux îles japonaises. Cette interception, effectuée le 1er janvier s’est répétée le lendemain, lorsqu’un WZ-7 a effectué le même trajet. Ce drone est comparable en termes de capacités au drone américain RQ-4 Global Hawk.

Interception le 1er janvier 2023 d'un drone WZ-7 Soaring Dragon par la JASDF.
Interception le 1er janvier 2023 d'un drone WZ-7 Soaring Dragon par la JASDF. © @jointstaffpa (Twitter)
Interception le 1er janvier 2023 d'un drone WZ-7 Soaring Dragon par la JASDF.
Trajet du drone WZ-7 Soaring Dragon.
Trajet du drone WZ-7 Soaring Dragon. © Japan Joint Staff
Trajet du drone WZ-7 Soaring Dragon.

WZ-7 Soaring Dragon

Ce drone de reconnaissance est très récent : il serait entré en service en 2018 au sein de la Force aérienne de l'Armée populaire de libération (FAPL) et serait également utilisé au sein de l'Aéronavale de la Marine de l'Armée populaire de libération (AMAPL). Des modèles à l'échelle 1/1 sont présentées au grand public au début des années 2000 mais il faut attendre le salon aérospatial de Zhuhai (Guangdong, Chine) de 2021 pour voir le premier WZ-7 (réel) être exposé au grand public. Il est utilisé par la Force aérienne de l'armée populaire de libération (FAPL) pour des missions de reconnaissance maritime ou le long des frontières de la Chine. Il peut être utilisé comme relai de communication entre deux unités. Certaines informations indiquent aussi une capacité de brouillage de signal GPS (à confirmer). 

Il s'agit d'un drone de haute altitude et de longue endurance (HALE) : autonomie estimée à 7.000 kilomètres et un plafond estimé à 60.000 pieds (18,3 kilomètres d'altitude). Le drone dispose d'un radar à synthèse d'ouverture situé à l'avant (ventre de l'appareil), d'un moteur chinois WP-13 (copie du R-13 russe) à l'arrière, avec une entrée d'air située devant l'empennage en V. Il est facilement reconnaissable de par sa forme en diamant : les stabilisateurs horizontaux rejoignent les ailes. Il fait 14 mètres de long et 22,8 mètres d'envergure.

Présentation d'un WZ-7 Soaring Dragon par les Forces armées chinoises.
Présentation d'un WZ-7 Soaring Dragon par les Forces armées chinoises. © CCTV News
Présentation d'un WZ-7 Soaring Dragon par les Forces armées chinoises.

Pression chinoise en Asie

La Chine cherche par tous les moyens à contrôler ses approvisionnements maritimes en matière premières en provenance de l'océan Indien et l'océan Pacifique vers son territoire. Pour y arriver, la Chine s'est implantée en mer de Chine sur des îles artificielles. Sa flotte de combat monte également en puissance ainsi qu'en qualité : la Marine chinoise est passée d'une marine disposant d'un nombre important de petites unités (patrouilleurs, corvettes) à une marine plus professionnelle, avec des moyens plus lourds, aux capacités de projection mondiale grâce à de nouveaux ravitailleurs d'escadre, permettant la projection d'escadres centrées autour de porte-avions.

Les îles japonaises, taïwanaises et philippines semblaient donc seulement menacées sur leur flanc ouest mais avec cette montée en puissance, la Chine se déploie désormais dans l'océan Pacifique et en mer des Philippines. D'ailleurs, le porte-avions Liaoning (classe Kiev modifiée par la Chine, Type 001, 16) a effectué des manœuvres aéronavales à quelques centaines de kilomètres à l'Est et au Sud-Est des îles citées précédemment. Le porte-avions était accompagné par :

  • Destroyer lance-missiles Chengdu (Type 052D, classe Luyang III, n° de coque : 120)
  • Croiseur lance-missiles* Anshan (Type 055, classe Renhai, n° de coque 103)
  • Croiseur lance-missiles* Wuxi (Type 055, classe Renhai, n° de coque 104)
  • Frégate Zaozhuang (Type 054A, classe Jiangkai, n° de coque 542)
  • Ravitailleur d'escadre Hulunhu (Type 901, classe Fuyu, n° de coque 901)

Ces manœuvres éloignées représentent tout de même une menace indirecte pour le Japon, Taïwan et les Philippines : la Chine est désormais capable de se projeter au-delà de la mer de Chine, portant ainsi la menace chinoise à 360° pour les îles proches de la Chine.

*Les navires de Type 055 sont identifiés en Chine comme étant des destroyers mais leurs capacités correspondent à des croiseurs lance-missiles.



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