Les bombes-planantes à longue portée GLSDB arrivent enfin en Ukraine
Les bombes-planantes à longue portée GLSDB arrivent enfin en Ukraine

publié le 02 février 2024 à 14:35

831 mots

Les bombes-planantes à longue portée GLSDB arrivent enfin en Ukraine

Avant la fin de l'automne, l'Ukraine doit mettre en œuvre un nouvelle bombe planante tirée depuis le sol: la GLSDB. Loin d'être un énième vecteur, l'arme fournie par les USA doit permettre de massifier les actions ukrainiennes tout en permettant de toucher l'intégralité de l'Ukraine continentale occupée.


Caractéristiques techniques de la GLSDB

La GLSDB est le produit de la combinaison de la combinaison de la bombe-planante aéroportée SDB / GBU-39 (conçue par Boeing) et de la roquette M26 (fournie par Saab). L’idée est simple : permettre de réaliser des tirs de SDB (pour Small diameter bomb) depuis un lanceur terrestre plutôt que de devoir les lancer depuis un aéronef.Car les caractéristiques de la bombe en font une arme redoutable : capable de planer sur une distance de 110 km (grâce à ses ailes fournies par MBDA USA), elle garde une précision élevée à l’impact, et elle a la même capacité de pénétration qu’une bombe BLU-109 de 800kg malgré son poids de seulement 110 kg, ce qui lui permet de perforer 2,4 mètres de béton.

En 2019, Boeing et Saab décident d’offrir une capacité sol-sol à la bombe, en permettant une propulsion initiale grâce à la roquette M26, et en l’intégrant aux lance-roquettes multiples M270 HIMARS pour créer la GLSDB, pour Ground launched SDB. La combinaison GLSDB / HIMARS permet de doter les pays ne disposant pas d’une armée de l’air très développée de réaliser des frappes en profondeur, d’accroître à 150km la portée de l’arme (les roquettes GMLRS étant limitées à 80km). La bombe a pu prouver son efficacité en 2015 lors de tests initiaux, puis en 2017 en frappant une cible mouvante à 100 kilomètres, et enfin en 2019 avec un essai réussi contre une cible navale distance de plus de 130 kilomètres.

Promis en début d’année, la livraison du système à l’Ukraine a été annoncé par les Etats-Unis et les industriels pour l’automne de cette année. L’arme connaitra donc donc sa première utilisation réelle sur ce théâtre d’opérations. 

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La GLSDB peut être tirée depuis les mêmes lanceurs terrestres que les HIMARS ©
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Une arme polyvalente et adaptée au conflit Ukrainien

Même si le système affiche une portée maximale de 150 kilomètres, sa grande manœuvrabilité permet de définir des trajectoires courbes, par exemple pour revenir vers l’arrière et toucher des objectifs cachés derrière un obstacle haut. Dans le cas d’un tir initialement réalisé dans une destination opposée à la cible, la portée serait réduite à 70 kilomètres selon les constructeurs. La GLSDB peut donc attaquer des cibles à 360° et viser plusieurs cibles distinctes en une seule salve. Comme les GBU 39 classiques, l’explosion peut être configurée avec les possibilités suivantes : à l’impact, retardée ou encore en « Air burst », ce qui permet d’être particulièrement efficace contre des groupes de personnes. Modulable, la GLSDB peut emporter un système de guidage laser semi-actif ou encore une charge explosive différente appelée Focused Lethality Munition (pour les frappes urbaines et limiter les dégâts collatéraux).

Cette munition est également résiliente : elle est équipée d’un système de guidage INS et GPS mais aussi de capacités anti-jamming (brouillage de ses communications) et anti-spoofing (émission de fausses données GPS). La méthode de progression en plané réduit également la signature thermique de la munition, réduisant la possibilité de détection et donc d’interception.

La bombe est par ailleurs tellement courante et facile à produire que son coût a progressivement été ramené sous la barre des 40.000$ l’unité, contre 220.000$ par roquette GMLRS jusqu’ici tirée par les HIMARS et dont l'effet est pourtant bien inférieur. Ce coût est l'aboutissement de la combinaison de la SDB d’un coût de 39.000$, avec les roquettes M26 disponibles « gratuitement » et en grande quantité dans les stocks démilitarisés, notamment au sein de l’armée américaine.

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Le système d'ailes et de gouvernes (sur la queue de la bombe) permettent de réaliser un vol plané ©
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Quel intérêt pour l'arsenal Ukrainien ?

La GLSDB vient compléter avantageusement l’arsenal de missiles utilisés par l’Ukraine dans le cadre de ses campagnes de bombardement sur les arrières russes. Il fait partie des armes considérées comme stratégiques fournies par les alliés de l’Ukraine, faisant suite aux missiles sol-sol HIMARS et ATACMS (respectivement 80 et 160 km de portée pour l’instant, même su les ATACMS peuvent atteindre 300 km), aux missiles de croisières aéroportés SCALP / Storm Shadow et peut-être prochaine Taurus (portée réduite à 300km dans la version exportation) tirés depuis les Su-24, une variété d’arme qui sera encore étendue avec l’arrivée des F-16 toujours espérée au premier semestre 2024.

Pour l’Ukraine, ce système a donc trois avantages majeurs :

  • un coût de livraison en comparaison avec les autres systèmes livrés (entre 1 et 2,5 millions de dollars par missiles SCALP / Storm Shadow, 1 million de dollar par ATACMS…),
  • une disponibilité élevée, le projet purement industriel ne faisant appel à aucun stock national, les livraisons nécessitent seulement un financement,
  • un usage ne nécessitant pas d’aéronef pour le lancement, l’Ukraine disposant déjà des lanceurs HIMARS.

L’arme contribuera donc à accentuer la pression ukrainienne sur le dispositif russe, se résumant en une combinaison de combats de haute intensité en première ligne tout en ciblant les capacités logistiques russes. Deux objectifs complémentaires qui doivent, selon les Ukrainiens, permettre à terme au front russe de s’effondrer localement. D'après la revue Politico, les USA viennent de confirmer qu'une première livraison de GLSDB avait quitté le territoire américain fin janvier, laissant entrevoir un mise en œuvre dans le courant du mois de février.

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02/02/2024 14:35
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Les bombes-planantes à longue portée GLSDB arrivent enfin en Ukraine

Avant la fin de l'automne, l'Ukraine doit mettre en œuvre un nouvelle bombe planante tirée depuis le sol: la GLSDB. Loin d'être un énième vecteur, l'arme fournie par les USA doit permettre de massifier les actions ukrainiennes tout en permettant de toucher l'intégralité de l'Ukraine continentale occupée.

Les bombes-planantes à longue portée GLSDB arrivent enfin en Ukraine
Les bombes-planantes à longue portée GLSDB arrivent enfin en Ukraine

Caractéristiques techniques de la GLSDB

La GLSDB est le produit de la combinaison de la combinaison de la bombe-planante aéroportée SDB / GBU-39 (conçue par Boeing) et de la roquette M26 (fournie par Saab). L’idée est simple : permettre de réaliser des tirs de SDB (pour Small diameter bomb) depuis un lanceur terrestre plutôt que de devoir les lancer depuis un aéronef.Car les caractéristiques de la bombe en font une arme redoutable : capable de planer sur une distance de 110 km (grâce à ses ailes fournies par MBDA USA), elle garde une précision élevée à l’impact, et elle a la même capacité de pénétration qu’une bombe BLU-109 de 800kg malgré son poids de seulement 110 kg, ce qui lui permet de perforer 2,4 mètres de béton.

En 2019, Boeing et Saab décident d’offrir une capacité sol-sol à la bombe, en permettant une propulsion initiale grâce à la roquette M26, et en l’intégrant aux lance-roquettes multiples M270 HIMARS pour créer la GLSDB, pour Ground launched SDB. La combinaison GLSDB / HIMARS permet de doter les pays ne disposant pas d’une armée de l’air très développée de réaliser des frappes en profondeur, d’accroître à 150km la portée de l’arme (les roquettes GMLRS étant limitées à 80km). La bombe a pu prouver son efficacité en 2015 lors de tests initiaux, puis en 2017 en frappant une cible mouvante à 100 kilomètres, et enfin en 2019 avec un essai réussi contre une cible navale distance de plus de 130 kilomètres.

Promis en début d’année, la livraison du système à l’Ukraine a été annoncé par les Etats-Unis et les industriels pour l’automne de cette année. L’arme connaitra donc donc sa première utilisation réelle sur ce théâtre d’opérations. 

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La GLSDB peut être tirée depuis les mêmes lanceurs terrestres que les HIMARS ©
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Une arme polyvalente et adaptée au conflit Ukrainien

Même si le système affiche une portée maximale de 150 kilomètres, sa grande manœuvrabilité permet de définir des trajectoires courbes, par exemple pour revenir vers l’arrière et toucher des objectifs cachés derrière un obstacle haut. Dans le cas d’un tir initialement réalisé dans une destination opposée à la cible, la portée serait réduite à 70 kilomètres selon les constructeurs. La GLSDB peut donc attaquer des cibles à 360° et viser plusieurs cibles distinctes en une seule salve. Comme les GBU 39 classiques, l’explosion peut être configurée avec les possibilités suivantes : à l’impact, retardée ou encore en « Air burst », ce qui permet d’être particulièrement efficace contre des groupes de personnes. Modulable, la GLSDB peut emporter un système de guidage laser semi-actif ou encore une charge explosive différente appelée Focused Lethality Munition (pour les frappes urbaines et limiter les dégâts collatéraux).

Cette munition est également résiliente : elle est équipée d’un système de guidage INS et GPS mais aussi de capacités anti-jamming (brouillage de ses communications) et anti-spoofing (émission de fausses données GPS). La méthode de progression en plané réduit également la signature thermique de la munition, réduisant la possibilité de détection et donc d’interception.

La bombe est par ailleurs tellement courante et facile à produire que son coût a progressivement été ramené sous la barre des 40.000$ l’unité, contre 220.000$ par roquette GMLRS jusqu’ici tirée par les HIMARS et dont l'effet est pourtant bien inférieur. Ce coût est l'aboutissement de la combinaison de la SDB d’un coût de 39.000$, avec les roquettes M26 disponibles « gratuitement » et en grande quantité dans les stocks démilitarisés, notamment au sein de l’armée américaine.

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Le système d'ailes et de gouvernes (sur la queue de la bombe) permettent de réaliser un vol plané ©
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Quel intérêt pour l'arsenal Ukrainien ?

La GLSDB vient compléter avantageusement l’arsenal de missiles utilisés par l’Ukraine dans le cadre de ses campagnes de bombardement sur les arrières russes. Il fait partie des armes considérées comme stratégiques fournies par les alliés de l’Ukraine, faisant suite aux missiles sol-sol HIMARS et ATACMS (respectivement 80 et 160 km de portée pour l’instant, même su les ATACMS peuvent atteindre 300 km), aux missiles de croisières aéroportés SCALP / Storm Shadow et peut-être prochaine Taurus (portée réduite à 300km dans la version exportation) tirés depuis les Su-24, une variété d’arme qui sera encore étendue avec l’arrivée des F-16 toujours espérée au premier semestre 2024.

Pour l’Ukraine, ce système a donc trois avantages majeurs :

  • un coût de livraison en comparaison avec les autres systèmes livrés (entre 1 et 2,5 millions de dollars par missiles SCALP / Storm Shadow, 1 million de dollar par ATACMS…),
  • une disponibilité élevée, le projet purement industriel ne faisant appel à aucun stock national, les livraisons nécessitent seulement un financement,
  • un usage ne nécessitant pas d’aéronef pour le lancement, l’Ukraine disposant déjà des lanceurs HIMARS.

L’arme contribuera donc à accentuer la pression ukrainienne sur le dispositif russe, se résumant en une combinaison de combats de haute intensité en première ligne tout en ciblant les capacités logistiques russes. Deux objectifs complémentaires qui doivent, selon les Ukrainiens, permettre à terme au front russe de s’effondrer localement. D'après la revue Politico, les USA viennent de confirmer qu'une première livraison de GLSDB avait quitté le territoire américain fin janvier, laissant entrevoir un mise en œuvre dans le courant du mois de février.



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