Le premier directeur scientifique de l’agence spatiale française a été distingué le 8 novembre par la Société Astronomique de France, en présence du président du Cnes.
Après quatre-vingts ans de sommeil, le Prix international d’astronautique de la Société Astronomique de France (appelé au départ Prix REP-Hirsch, des noms de ses initiateurs, l’ingénieur Robert Esnault-Pelterie et le mécène André Louis-Hirsch, en 1929) a été remis au goût du jour, à la faveur de la création en mai dernier de la commission Astronautique et techniques spatiales.
Présidée par Pierre-François Mouriaux, la commission a proposé au conseil d’administration de la SAF de remettre le Prix international d’astronautique pour l’année 2019 au professeur Jacques-Emile Blamont.
L’âme du Cnes.
Jacques-Emile Blamont, né le 13 octobre 1926 à Paris, est un astrophysicien français, professeur à l'Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI). Dès les années 1960, il fut l’un des principaux acteurs du programme spatial français, en liaison notamment avec la Nasa, son célèbre laboratoire de recherche sur la propulsion (JPL), les centres spatiaux de l'Union soviétique, ou l'organisation indienne pour la recherche spatiale (Isro). Il a d’abord créé en 1958 à Verrières-le-Buisson (Essonne) le Service d'Aéronomie au sein du CNRS, le premier laboratoire spatial en France, utilisant des fusées Véronique pour l'étude de la physique atmosphérique. Il est ensuite devenu en 1962 le premier directeur scientifique du Cnes, l'agence spatiale française, jouant un rôle majeur dans les campagnes de lancement de fusées-sondes scientifiques depuis le désert saharien, le développement des premiers satellites français, la création de la base de lancement de Kourou en Guyane, et le développement de certaines sondes spatiales d’exploration du système solaire.
Conseiller du président du Cnes depuis 1982, le professeur Blamont a continué de venir quotidiennement à son bureau parisien jusqu’il y a quelques mois, avant de devoir rester immobilisé à son domicile puis en maison de repos. Mais le vieil homme n’en garde pas moins l’esprit vif et visionnaire, à l’image de son dernier ouvrage, Réseaux !, sur le pari de l’intelligence collective, ou du roman de science-fiction qu’il vient de terminer (voir son portrait dans A&C n°2517).
Une douzaine d’invités.
La remise du Prix international d’astronautique 2019 s’est déroulée le 8 novembre dans la nouvelle résidence de Jacques-Emile Blamont.
Celui-ci s’était pour l’occasion entouré de plusieurs proches, dont Sébastien Candel, président sortant de l’Académie des sciences, Jean-Pierre Sanfourche, rédacteur en chef de La Lettre 3AF de l’AAAF (Association aéronautique et astronautique de France), Marie-Lise Chanin, ancienne étudiante du Service d'Aéronomie puis directrice de recherche au CNRS, ainsi que des membres de l’initiative Federation - Open Space Makers, chère au professeur.
La SAF et sa nouvelle commission Astronautique étaient représentées par Gilles Dawidowicz (secrétaire général), Pierre-François Mouriaux et l’historien Philippe Varnoteaux (dont le président du jury de thèse, en 2000 à Reims, était le professeur Blamont).
Le président du Cnes, Jean-Yves Le Gall, avait également accepté l’invitation et a bien voulu remettre le diplôme à son pair, avant de rejoindre le dernier conseil de l’Agence spatiale européenne consacré à la préparation de la réunion ministérielle des 27-28 novembre à Séville, qui s’annonce capitale.
Gilles Dawidowicz et Pierre-François Mouriaux
L’histoire du Prix international d’astronautique.
Le Prix international d’astronautique 2019 que nous avons remis le 8 novembre au professeur Jacques Blamont, au nom de la Société astronomique de France, marque la renaissance du prix éponyme remis à cinq reprises avant la Seconde Guerre mondiale.
Rappelons que, dans les années vingt en France, une poignée de passionnés est convaincue de l’avenir des « voyages dans l’espace », comme on le disait à l’époque. Parmi eux, le célèbre ingénieur Robert Esnault-Pelterie (REP) et le banquier-mécène André Louis-Hirsch. Les deux hommes unissent alors leurs efforts pour créer un groupe de spécialistes qui favoriserait et cautionnerait les recherches permettant un jour les « voyages dans l’espace ».
A l’initiative de Louis-Hirsch, un petit groupe d’experts se réunit en décembre 1927 : après avoir inventé le mot « astronautique », ceux-ci décident de mettre en place un Comité d’astronautique (au sein duquel se trouvait une vingtaine de sommités scientifiques dont le prix Nobel de physique 1926 Jean-Baptiste Perrin), hébergé au sein de la SAF, avec la mission principale de décerner un Prix international d’astronautique surnommé REP-Hirsch, du nom des deux principaux instigateurs. L’objectif est alors d’encourager les études sur l’astronautique, jeune science naissante, en France et à l’étranger.
Cinq prix remis entre 1929 et 1939.
En juin 1929, le premier prix REP-Hirsch est décerné au germano-roumain Hermann Oberth. Remettre un tel prix à une personnalité allemande onze ans seulement après la Première Guerre mondiale, il fallait oser !
Au total, entre 1929 et 1939, le prix REP-Hirsch est remis à cinq reprises à diverses personnalités ou organisation, dont le français Louis Damblanc (1935), constructeur de la première fusée à étages séparables du monde, et l’Américain Franck Malina (1939), un des fondateurs du laboratoire JPL de la NASA.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, André Louis-Hirsch considère que le Comité d’astronautique et le prix international d’astronautique n’ont plus de raison d’être, en raison du fait que l’astronautique est désormais devenue une réalité.
De par son action exceptionnelle en faveur de la naissance des activités spatiales françaises dès 1958, le professeur Jacques Blamont nous a semblés être le digne successeur d’Hermann Oberth, quatre-vingts ans après le dernier prix.
Philippe Varnoteaux, docteur en histoire, membre de la SAF
Le premier directeur scientifique de l’agence spatiale française a été distingué le 8 novembre par la Société Astronomique de France, en présence du président du Cnes.
Après quatre-vingts ans de sommeil, le Prix international d’astronautique de la Société Astronomique de France (appelé au départ Prix REP-Hirsch, des noms de ses initiateurs, l’ingénieur Robert Esnault-Pelterie et le mécène André Louis-Hirsch, en 1929) a été remis au goût du jour, à la faveur de la création en mai dernier de la commission Astronautique et techniques spatiales.
Présidée par Pierre-François Mouriaux, la commission a proposé au conseil d’administration de la SAF de remettre le Prix international d’astronautique pour l’année 2019 au professeur Jacques-Emile Blamont.
L’âme du Cnes.
Jacques-Emile Blamont, né le 13 octobre 1926 à Paris, est un astrophysicien français, professeur à l'Université Pierre-et-Marie-Curie (Paris-VI). Dès les années 1960, il fut l’un des principaux acteurs du programme spatial français, en liaison notamment avec la Nasa, son célèbre laboratoire de recherche sur la propulsion (JPL), les centres spatiaux de l'Union soviétique, ou l'organisation indienne pour la recherche spatiale (Isro). Il a d’abord créé en 1958 à Verrières-le-Buisson (Essonne) le Service d'Aéronomie au sein du CNRS, le premier laboratoire spatial en France, utilisant des fusées Véronique pour l'étude de la physique atmosphérique. Il est ensuite devenu en 1962 le premier directeur scientifique du Cnes, l'agence spatiale française, jouant un rôle majeur dans les campagnes de lancement de fusées-sondes scientifiques depuis le désert saharien, le développement des premiers satellites français, la création de la base de lancement de Kourou en Guyane, et le développement de certaines sondes spatiales d’exploration du système solaire.
Conseiller du président du Cnes depuis 1982, le professeur Blamont a continué de venir quotidiennement à son bureau parisien jusqu’il y a quelques mois, avant de devoir rester immobilisé à son domicile puis en maison de repos. Mais le vieil homme n’en garde pas moins l’esprit vif et visionnaire, à l’image de son dernier ouvrage, Réseaux !, sur le pari de l’intelligence collective, ou du roman de science-fiction qu’il vient de terminer (voir son portrait dans A&C n°2517).
Une douzaine d’invités.
La remise du Prix international d’astronautique 2019 s’est déroulée le 8 novembre dans la nouvelle résidence de Jacques-Emile Blamont.
Celui-ci s’était pour l’occasion entouré de plusieurs proches, dont Sébastien Candel, président sortant de l’Académie des sciences, Jean-Pierre Sanfourche, rédacteur en chef de La Lettre 3AF de l’AAAF (Association aéronautique et astronautique de France), Marie-Lise Chanin, ancienne étudiante du Service d'Aéronomie puis directrice de recherche au CNRS, ainsi que des membres de l’initiative Federation - Open Space Makers, chère au professeur.
La SAF et sa nouvelle commission Astronautique étaient représentées par Gilles Dawidowicz (secrétaire général), Pierre-François Mouriaux et l’historien Philippe Varnoteaux (dont le président du jury de thèse, en 2000 à Reims, était le professeur Blamont).
Le président du Cnes, Jean-Yves Le Gall, avait également accepté l’invitation et a bien voulu remettre le diplôme à son pair, avant de rejoindre le dernier conseil de l’Agence spatiale européenne consacré à la préparation de la réunion ministérielle des 27-28 novembre à Séville, qui s’annonce capitale.
Gilles Dawidowicz et Pierre-François Mouriaux
L’histoire du Prix international d’astronautique.
Le Prix international d’astronautique 2019 que nous avons remis le 8 novembre au professeur Jacques Blamont, au nom de la Société astronomique de France, marque la renaissance du prix éponyme remis à cinq reprises avant la Seconde Guerre mondiale.
Rappelons que, dans les années vingt en France, une poignée de passionnés est convaincue de l’avenir des « voyages dans l’espace », comme on le disait à l’époque. Parmi eux, le célèbre ingénieur Robert Esnault-Pelterie (REP) et le banquier-mécène André Louis-Hirsch. Les deux hommes unissent alors leurs efforts pour créer un groupe de spécialistes qui favoriserait et cautionnerait les recherches permettant un jour les « voyages dans l’espace ».
A l’initiative de Louis-Hirsch, un petit groupe d’experts se réunit en décembre 1927 : après avoir inventé le mot « astronautique », ceux-ci décident de mettre en place un Comité d’astronautique (au sein duquel se trouvait une vingtaine de sommités scientifiques dont le prix Nobel de physique 1926 Jean-Baptiste Perrin), hébergé au sein de la SAF, avec la mission principale de décerner un Prix international d’astronautique surnommé REP-Hirsch, du nom des deux principaux instigateurs. L’objectif est alors d’encourager les études sur l’astronautique, jeune science naissante, en France et à l’étranger.
Cinq prix remis entre 1929 et 1939.
En juin 1929, le premier prix REP-Hirsch est décerné au germano-roumain Hermann Oberth. Remettre un tel prix à une personnalité allemande onze ans seulement après la Première Guerre mondiale, il fallait oser !
Au total, entre 1929 et 1939, le prix REP-Hirsch est remis à cinq reprises à diverses personnalités ou organisation, dont le français Louis Damblanc (1935), constructeur de la première fusée à étages séparables du monde, et l’Américain Franck Malina (1939), un des fondateurs du laboratoire JPL de la NASA.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, André Louis-Hirsch considère que le Comité d’astronautique et le prix international d’astronautique n’ont plus de raison d’être, en raison du fait que l’astronautique est désormais devenue une réalité.
De par son action exceptionnelle en faveur de la naissance des activités spatiales françaises dès 1958, le professeur Jacques Blamont nous a semblés être le digne successeur d’Hermann Oberth, quatre-vingts ans après le dernier prix.
Philippe Varnoteaux, docteur en histoire, membre de la SAF
SEEKING A BOOK ON THIS engineer Robert Esnault-Pelterie, IF FRENCH, GERMAN OR ENGLISH
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