Le Fond International pour l'Ukraine cherche des missiles longue portée
Le Fond International pour l'Ukraine cherche des missiles longue portée
© US Army

publié le 02 mai 2023 à 17:40

866 mots

Le Fond International pour l'Ukraine cherche des missiles longue portée

Un groupe de pays s'est associé en créant le Fond International pour l'Ukraine. Son objectif est de financer l'achat de systèmes et matériels pour les livrer à l'Ukraine. Une récente mise à jour a fait apparaitre une capacité de frappe à longue distance dans la liste de matériels recherchés. Cette liste comprend également des systèmes de déminage pour des chars, des ponts, des véhicules lance-ponts,...


Manque de matériels en Ukraine

Suite à la guerre en Ukraine, de nombreux pays à travers le monde soutienne l'Ukraine en lui fournissant des matériels humanitaires et militaires. Cependant, l'Ukraine a grand besoin de certains types de matériels très spécifiques et qui ne lui sont pas fournis, comme des avions de combat récents. Or, pour de nombreux matériels, les gouvernements refusent de les livrer en Ukraine : ils sont trop récents pour être éventuellement capturés par les Russes ou ils sont gardés en solution de réserve dans le cas où la Russie utiliserait des armes proscrites, en franchissant des lignes rouges établies (armes chimiques par exemple).

Le Fonds International pour l'Ukraine

Toutefois, certains de ces équipements non-livrés ne sont tout simplement pas disponibles au sein des pays soutenant l'Ukraine et voulant la soutenir encore plus. Dès lors, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède ont créé le Fonds International pour l'Ukraine (IFU, International Fund for Ukraine). Ce fonds est géré par le ministère de la Défense anglais et, avec l’Islande et la Lituanie, ces pays ont déjà récolté plus de 591,5 millions d'euros. Le but n'est plus de livrer sur les stocks des Forces armées nationales mais de directement acheter des systèmes et matériels pour les livrer à l'Ukraine.

Un missile longue portée

Depuis le 2 mai 2023, une rubrique a été ajoutée à la liste de matériels recherchés : "Frappe à longue distance". Elle reprend plusieurs demandes et besoin :

  • Caractéristiques essentielles
    • Missiles ou roquettes d'une portée de 100 à 300 kilomètres ; lancement depuis un vecteur aérien, terrestre ou maritime.
    • La charge utile doit-être de 20 à 490 kilogrammes.
  • Caractéristiques souhaitées
    • Faible probabilité d'interception (LPI)
    • Capacité de planification de mission
    • Navigation assurée, avec un système de positionnement par satellite (GNSS) renforcé face aux systèmes de contremesures électromagnétiques
    • Méthodes de pénétration de la défense aérienne pour augmenter la probabilité d'une frappe réussie.
    • TRL 8 au minimum. Pour rappel, l'échelle Technical Readiness Level ou TRL permet de donner l'état de maturité technologique d'un système et va de 1 (principes de base observés) à 9 (système déployé et ayant fait ses preuves lors de plusieurs missions). Le TRL 8 requiert un système complet et qualifié.

La limite de temps est très courte car cette capacité ne sera ouverte que jusqu'au 4 mai à 22 heures (heure de Paris). La seconde étape consistera en l'amélioration et la maintenance des plateformes ukrainiennes ainsi que sur la production de munitions d'artillerie ou de chars. 

Le pont de Crimée dans le viseur

S'il n'est pas cité directement, c'est l'objectif principal des Ukrainiens dans le cas où ces derniers disposeraient d'un missile longue portée. La destruction des ponts routier et ferroviaire au-dessus du détroit de Kertch seraient une terrible perte pour les Forces armées russes déployées en Crimée et dans le sud de l'Ukraine : c'est le seul passage sûr entre la Crimée et la Russie. Ainsi, toute la logistique du front sud passe par ces deux ponts. Si les Ukrainiens parviennent à détruire ce cordon ombilical, ces derniers isoleraient la Crimée, qui ne pourrait plus compter que sur un ravitaillement par mer ou par les airs. Quant aux forces déployées dans le Sud de l'Ukraine, la logistique devrait obligatoirement passer par l'axe Marioupol-Melitopol, et donc, à portée des Ukrainiens. A cela s'ajoute la possibilité de sabotages ferroviaires par les Ukrainiens, ralentissant un peu plus l'afflux logistique russe.

Cette destruction serait également symbolique car les ouvrages avaient été inaugurés en grande pompe par le président russe Vladimir Poutine, symbolisant le rattachement terrestre de la Crimée avec la Russie.

Déminage, lanceur de pont, radars,...

Le fonds ne se concentre pas seulement sur une capacité de frappe à longue portée :

  • Capacités de déminage pour char complète ou seulement de la taille des chenilles de chars de combat Leopard 1, Leopard 2 ou T-72 ou la livraison de blindés de déminage.
  • Véhicules blindés lance-ponts de toutes tailles
  • Medium Girder Bridge (MGB) (ponts à assembler sur la zone à passer) de 9 à 31 mètres de long et avec une capacité de charge militaire minimale d'au moins 70 tonnes
  • Lanceurs de ponts de soutien logistique et ponts réutilisables d'une longueur de 40 à 80 mètres, avec une capacité de charge militaire minimale de 70 tonnes
  • Porte-chars
  • Munitions antiaériennes de 30, 35 et 40 mm (TRL9)
  • Systèmes de détection et de suivi des missiles de croisière, de drones de la catégorie Groupe 2 (9,5 à 24,9 kilogrammes, altitude max de 18.000 pieds/5.486 mètres) volant à moins de 50 mètres d'altitude, et/ou des missiles balistiques
  • Canons de défense aérienne guidés par capteurs pour détruire des drones en basse altitude et des missiles de croisière. Le capteur n'est pas spécifié et peut donc être un radar, un système électro-optique, infrarouge, etc.

Il faut noter que les capacités de déminage et de franchissement seront fermées le 9 mai 2023 et que les capacités antiaérienne et de détection aérienne sont fermées depuis le 26 avril 2023.

L'image de couverture utilisée dans cet article est un tir de missile ATACMS depuis un M270 MLRS en Corée du Sud. L'image est donc simplement illustrative car le missile américain ATACMS ne fait pas partie des matériels livrés à l'Ukraine.

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02/05/2023 17:40
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Le Fond International pour l'Ukraine cherche des missiles longue portée

Un groupe de pays s'est associé en créant le Fond International pour l'Ukraine. Son objectif est de financer l'achat de systèmes et matériels pour les livrer à l'Ukraine. Une récente mise à jour a fait apparaitre une capacité de frappe à longue distance dans la liste de matériels recherchés. Cette liste comprend également des systèmes de déminage pour des chars, des ponts, des véhicules lance-ponts,...

Le Fond International pour l'Ukraine cherche des missiles longue portée
Le Fond International pour l'Ukraine cherche des missiles longue portée

Manque de matériels en Ukraine

Suite à la guerre en Ukraine, de nombreux pays à travers le monde soutienne l'Ukraine en lui fournissant des matériels humanitaires et militaires. Cependant, l'Ukraine a grand besoin de certains types de matériels très spécifiques et qui ne lui sont pas fournis, comme des avions de combat récents. Or, pour de nombreux matériels, les gouvernements refusent de les livrer en Ukraine : ils sont trop récents pour être éventuellement capturés par les Russes ou ils sont gardés en solution de réserve dans le cas où la Russie utiliserait des armes proscrites, en franchissant des lignes rouges établies (armes chimiques par exemple).

Le Fonds International pour l'Ukraine

Toutefois, certains de ces équipements non-livrés ne sont tout simplement pas disponibles au sein des pays soutenant l'Ukraine et voulant la soutenir encore plus. Dès lors, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède ont créé le Fonds International pour l'Ukraine (IFU, International Fund for Ukraine). Ce fonds est géré par le ministère de la Défense anglais et, avec l’Islande et la Lituanie, ces pays ont déjà récolté plus de 591,5 millions d'euros. Le but n'est plus de livrer sur les stocks des Forces armées nationales mais de directement acheter des systèmes et matériels pour les livrer à l'Ukraine.

Un missile longue portée

Depuis le 2 mai 2023, une rubrique a été ajoutée à la liste de matériels recherchés : "Frappe à longue distance". Elle reprend plusieurs demandes et besoin :

  • Caractéristiques essentielles
    • Missiles ou roquettes d'une portée de 100 à 300 kilomètres ; lancement depuis un vecteur aérien, terrestre ou maritime.
    • La charge utile doit-être de 20 à 490 kilogrammes.
  • Caractéristiques souhaitées
    • Faible probabilité d'interception (LPI)
    • Capacité de planification de mission
    • Navigation assurée, avec un système de positionnement par satellite (GNSS) renforcé face aux systèmes de contremesures électromagnétiques
    • Méthodes de pénétration de la défense aérienne pour augmenter la probabilité d'une frappe réussie.
    • TRL 8 au minimum. Pour rappel, l'échelle Technical Readiness Level ou TRL permet de donner l'état de maturité technologique d'un système et va de 1 (principes de base observés) à 9 (système déployé et ayant fait ses preuves lors de plusieurs missions). Le TRL 8 requiert un système complet et qualifié.

La limite de temps est très courte car cette capacité ne sera ouverte que jusqu'au 4 mai à 22 heures (heure de Paris). La seconde étape consistera en l'amélioration et la maintenance des plateformes ukrainiennes ainsi que sur la production de munitions d'artillerie ou de chars. 

Le pont de Crimée dans le viseur

S'il n'est pas cité directement, c'est l'objectif principal des Ukrainiens dans le cas où ces derniers disposeraient d'un missile longue portée. La destruction des ponts routier et ferroviaire au-dessus du détroit de Kertch seraient une terrible perte pour les Forces armées russes déployées en Crimée et dans le sud de l'Ukraine : c'est le seul passage sûr entre la Crimée et la Russie. Ainsi, toute la logistique du front sud passe par ces deux ponts. Si les Ukrainiens parviennent à détruire ce cordon ombilical, ces derniers isoleraient la Crimée, qui ne pourrait plus compter que sur un ravitaillement par mer ou par les airs. Quant aux forces déployées dans le Sud de l'Ukraine, la logistique devrait obligatoirement passer par l'axe Marioupol-Melitopol, et donc, à portée des Ukrainiens. A cela s'ajoute la possibilité de sabotages ferroviaires par les Ukrainiens, ralentissant un peu plus l'afflux logistique russe.

Cette destruction serait également symbolique car les ouvrages avaient été inaugurés en grande pompe par le président russe Vladimir Poutine, symbolisant le rattachement terrestre de la Crimée avec la Russie.

Déminage, lanceur de pont, radars,...

Le fonds ne se concentre pas seulement sur une capacité de frappe à longue portée :

  • Capacités de déminage pour char complète ou seulement de la taille des chenilles de chars de combat Leopard 1, Leopard 2 ou T-72 ou la livraison de blindés de déminage.
  • Véhicules blindés lance-ponts de toutes tailles
  • Medium Girder Bridge (MGB) (ponts à assembler sur la zone à passer) de 9 à 31 mètres de long et avec une capacité de charge militaire minimale d'au moins 70 tonnes
  • Lanceurs de ponts de soutien logistique et ponts réutilisables d'une longueur de 40 à 80 mètres, avec une capacité de charge militaire minimale de 70 tonnes
  • Porte-chars
  • Munitions antiaériennes de 30, 35 et 40 mm (TRL9)
  • Systèmes de détection et de suivi des missiles de croisière, de drones de la catégorie Groupe 2 (9,5 à 24,9 kilogrammes, altitude max de 18.000 pieds/5.486 mètres) volant à moins de 50 mètres d'altitude, et/ou des missiles balistiques
  • Canons de défense aérienne guidés par capteurs pour détruire des drones en basse altitude et des missiles de croisière. Le capteur n'est pas spécifié et peut donc être un radar, un système électro-optique, infrarouge, etc.

Il faut noter que les capacités de déminage et de franchissement seront fermées le 9 mai 2023 et que les capacités antiaérienne et de détection aérienne sont fermées depuis le 26 avril 2023.

L'image de couverture utilisée dans cet article est un tir de missile ATACMS depuis un M270 MLRS en Corée du Sud. L'image est donc simplement illustrative car le missile américain ATACMS ne fait pas partie des matériels livrés à l'Ukraine.



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