Le Président serbe a publiquement dévoilé la volonté de son pays d'acheter des avions de combat Rafale. Cette manœuvre est perçue comme une volonté pro-européenne et d'éloignement de la Russie. Toutefois, il ne faut pas oublier que la Chine augmente aussi son influence en Serbie, risquant de mettre à mal ce contrat.
Une annonce du Président serbe
Le 11 avril, Aleksandar Vučić, le Président serbe, a annoncé que des discussions étaient actuellement en cours pour l'achat d'avions de combats Rafale. Le nombre de 12 appareils a été évoqué. La Serbie discute aussi avec trois autres pays pour un second lot de 12 avions de combat "occidentaux" (pour reprendre le terme utilisé par le Président serbe). Ces 24 avions de combat devront remplacer les appareils actuellement en service au sein de l'Armée de l'air serbe :
- 17 J-22 Orao datant de l'époque yougoslave.
- 10 MiG-29A/S de combat dont 4 de seconde main (russes, livrés en 2017).
- 3 MiG-29UB d'entrainement dont deux de seconde main (russes, livrés en 2017).
Un contexte géopolitique européen
La Serbie souhaiterait rentrer dans l'Union européenne mais il faut d'abord qu'elle coupe ses liens avec Moscou. Depuis son indépendance, la Serbie entretient des relations très fortes avec la Russie. Elle est dépendante des énergies provenant de Russie. Elle a également acheté de très nombreux matériels militaires d'origine ex-soviétiques/russes. Par exemple, en 2021, elle commandait encore 4 hélicoptères de combat Mi-35 et 3 Mi-17 russes.
Toutefois, les commandes commencent à se tourner vers des appareils d'origine européenne :
- 6 hélicoptères H145M (2 de transport et 4 de combat) commandés en 2016 (livrés entre 2018 et 2020)
- 11 hélicoptères H145M commandés en 2021
- 2 avions de transport tactique C-295W commandés en février 2022
Ce à quoi il ajouter la volonté d'achats de 12 avions Rafale et 12 avions "occidentaux".
Le problème de l'influence chinoise
Cependant, la Serbie se rapproche aussi de la Chine. Ainsi, depuis 2019, la Serbie a emprunté 8 milliards de dollars à la Chine pour la rénovation d'infrastructures. Ce prêt devra être remboursé dans les 25 à 30 prochaines années. Il faut également ajouter les nombreux investissements toutes directions des entreprises d'état chinoises. En conséquence de l'augmentation de cette influence, elle se rapproche aussi militairement de la Chine ; en 2019, des militaires chinois avaient été invités à s'entrainer auprès des militaires serbes et elle a également acheté des drones et des systèmes anti-aériens longue portée (plus d'informations dans cet article).
Cette dernière commande de systèmes anti-aériens chinois pourrait devenir un frein au contrat des 12 Rafale : les utilisateurs et futurs utilisateurs asiatiques du Rafale verraient d'un très mauvais œil le binôme Rafale-matériels chinois. Par exemple, le Pakistan utilise de nombreux systèmes chinois que l'Inde a décidé de contrer avec des Rafale. Or, ce contrat avec la Serbie pourrait remettre en question l'avantage technologique du Rafale sur ces systèmes et de fait, remettre tout simplement en question les contrats concernant des Rafales en Asie. Pour rappel, en 2019, le contrat des F-35 turcs qui avait été rompu suite à l'achat de systèmes anti-aériens longue portée S-400 russes.
Ainsi, la Serbie cherche à se réorienter sur la scène internationale mais la course d'influence entre la Russie, l'Union européenne et la Chine pour cet État des Balkans ne fait que commencer.