L’Iran a fourni à la Russie de nombreux équipements militaires et systèmes d’armes depuis le début du conflit en Ukraine. Pourtant, des doutes planeraient actuellement du côté de Téhéran quant à la perspective de voir la Russie honorer la livraison de 50 chasseurs Su-35 prépayés par l'Iran.
La coopération militaire entre la Russie et l’Iran fait partie des chapitres parallèles liés à la guerre en Ukraine. Depuis un an maintenant, l’Iran réalise des livraisons régulières d’armes à la Russie parmi lesquelles des drones suicides Shahed-136 envoyés en essaims contre les villes ukrainiennes, des missiles guidés antichar iraniens 9M133 Dehlavieh et autres munitions.
Les tenants et aboutissants de ce partenariat sont la source de nombreuses spéculations. Pour ce que l'on peut en constater, la relation entre la Russie et l’Iran relève plus de l’entraide intéressée que de la véritable alliance entre les deux pays à la fois autoritaires et marginalisés par les États occidentaux. L’enjeu pour la Russie ? pallier l’incapacité de son industrie à fournir les équipements nécessaires en quantité suffisante à ses troupes engagés dans la lutte contre les forces ukrainiennes. L'Iran, de son côté, cherche à affermir sa position de puissance régionale au Moyen-Orient par un partenariat avec un puissance de poids, tout poursuivant l'objectif de moderniser son matériel militaire.
L’Iran a fait son programme de développement de missiles sont cheval de bataille. Après l’apparition du missile balistique Khorramshahr-4 ou Kheibar (portée 2000 km, ogive de 1500 kg) en mai dernier, Téhéran dévoilait au début du mois de juin 2023 sa toute nouvelle arme, le missile balistique hypersonique « Fattah » qui la faisait donc entrer dans le club très fermé des puissances maitrisant de manière opérationnelle l’arme hypersonique.
A contrario, l’armée de l’air iranienne accuse un retard flagrant quant à la modernisation de ses équipements. Son aviation militaire se compose de chasseurs américains F-4 et F-5, de Mig-29 et Su-24 soviétiques, de chasseurs français Mirage F1EQ récupérés aux troupes irakiennes en fuite lors de la guerre du golfe en 1991 ainsi que de Chengdu F-7 (version du J-7 chinois dédiée à l’exportation). À l’ère des chasseurs de génération 4.5 et 5, et alors que commence déjà à se dessiner les prémices de l’aviation du futur avec divers programmes d’avions de sixième génération (NGAD, Tempest, SCAF/NGF) l’Iran traîne la patte alors qu’elle persiste dans son programme nucléaire et que les velléités israéliennes (de même que la colère des occidentaux) ne faiblissent pas à son égard.
Afin de remédier à cette situation, l’Iran aurait conclu un accord avec la Russie dans le cadre duquel Moscou doit livrer à Téhéran des chasseurs Su-35 « Flanker E ». Cette information était relayée par le média Iranien Islamic Republic of Iran News Network (IRIB) au mois de mars dernier.
Selon des propos rapportés par la Think Tank britannique Bourse & Bazaar Foundation (spécialisé dans la diplomatie économique, le développement économique et la justice économique au Moyen-Orient et en Asie centrale), le chef de l’armée de l’air iranienne, le général de brigade Hamid Vahedi, a récemment déclaré à ce propos :
« En ce qui concerne l'achat d'avions de combat Su-35 [à la Russie], nous en avons besoin, mais nous ne savons pas quand ils seront ajoutés à notre escadron. Cela dépend de la décision des hauts fonctionnaires ». La déclaration, réalisée lors d'une interview à la télévision d’Etat iranienne, laisse planer de l'incertitude quant à la réalisation du contrat, là où la position de l’Iran consiste généralement à mettre en avant sa force où éluder les sujets qui la dérangent. Serait-ce un rappel au pouvoir russe de ne pas oublier son engagement ?
Selon un diplomate en fonction et un ancien diplomate ayant une connaissance directe de la question, l'Iran a effectué le « paiement intégral » pour l'achat d'un lot de 50 avions de combat Su-35 rapporte Bourse & Bazaar. Cette somme aurait été versée lors du second mandat du président Hassan Rohani qui s'est achevé en 2021. Sous la protection de l’anonymat, ces deux sources indiquent que la livraison des Su-35 à l’Iran a été fixée pour 2023 par la Russie. Mais aucune des deux diplomates ne s'attend à ce que les livraisons soient effectuées cette année.
Le Su-35, connu sous la dénomination OTAN « Flanker-E », est sans conteste le meilleur avion proposé à l’export par la Russie. Avion monoplace bimoteur, il atteint une vitesse maximale de 1500 km/h à basse altitude et de 2500 km/h à haute altitude. Il dispose aussi d’un système de recherche passif avec son capteur optronique OLS-35 situé sur le nez de l'appareil, mais il est à ce jour le seul des avions dits "de génération 4.5" à ne pas disposer d’un radar à antenne active ou AESA (Active Electronically Scanned Array), et reste donc encore équipé d’un radar à balayage électronique (PESA), l’Irbis-E, doublé d’un radar de queue moins puissant (N-012).
Du côté de son armement, le Su-35 possède 12 points d'emport qui lui offrent la possibilité d'emporter des bombes lisses ou guidées ainsi que des roquettes, des missiles de croisière, des pods de guerre électronique, et des missiles air-air tels que le R-37M d'une portée de 400 km. Il reste cependant inférieur à ses concurrents de même génération comme l’ont prouvé plusieurs compétitions internationales (Corée 2002, Brésil 2014).
La maîtrise du ciel dans le conflit en Ukraine est un enjeu de poids. Alors que les troupes de Kiev ont entamé depuis un mois et demi la première phase de leur contre-offensive et cherchent une brèche dans le dispositif de défense russe, il semble plausible que la Russie puisse abandonner, du moins pour le moment, la livraison des chasseurs à Téhéran afin de prioriser ses besoins sur le théâtre d'opération ukrainien. Des chasseurs comme les Su-35 malgré leur retard face à des Rafale, F-15, F-16 ou Eurofighter restent supérieurs aux MiG-29, Su-24 et Su-25 qui équipent en grande partie l’armée de l’air ukrainienne. L'absence de livraison des Su-35 à l'Ukraine pourrait aussi découler de pressions israéliennes auprès de la Russie. En effet, depuis le début du conflit en Ukraine, Israël se fait discret avec un nombre de livraisons d'équipements militaire relativement limité à l'attention de Kiev ; une arme au poids diplomatique certain pour faire pression sur l'ours russe et retarder ou limiter la livraison des Su-35 à Téhéran.
L’aviation iranienne reste vulnérable face à celle d'Israël, qui ne cache pas sa volonté de contrer les efforts des programmes d’armements iraniens, notamment concernant le nucléaire. L’Etat hébreux, en attente de livraison pour 25 chasseurs F-15 IA (version du F-15 EX de Boeing modifiée pour Israël) et quatre avions de transport militaire et de ravitaillement KC-46A Pegasus de Boeing continue à progresser alors que la livraison des Su-35 à l'Iran semble plus qu’incertaine, au moins pour 2023.
L’Iran a fourni à la Russie de nombreux équipements militaires et systèmes d’armes depuis le début du conflit en Ukraine. Pourtant, des doutes planeraient actuellement du côté de Téhéran quant à la perspective de voir la Russie honorer la livraison de 50 chasseurs Su-35 prépayés par l'Iran.
La coopération militaire entre la Russie et l’Iran fait partie des chapitres parallèles liés à la guerre en Ukraine. Depuis un an maintenant, l’Iran réalise des livraisons régulières d’armes à la Russie parmi lesquelles des drones suicides Shahed-136 envoyés en essaims contre les villes ukrainiennes, des missiles guidés antichar iraniens 9M133 Dehlavieh et autres munitions.
Les tenants et aboutissants de ce partenariat sont la source de nombreuses spéculations. Pour ce que l'on peut en constater, la relation entre la Russie et l’Iran relève plus de l’entraide intéressée que de la véritable alliance entre les deux pays à la fois autoritaires et marginalisés par les États occidentaux. L’enjeu pour la Russie ? pallier l’incapacité de son industrie à fournir les équipements nécessaires en quantité suffisante à ses troupes engagés dans la lutte contre les forces ukrainiennes. L'Iran, de son côté, cherche à affermir sa position de puissance régionale au Moyen-Orient par un partenariat avec un puissance de poids, tout poursuivant l'objectif de moderniser son matériel militaire.
L’Iran a fait son programme de développement de missiles sont cheval de bataille. Après l’apparition du missile balistique Khorramshahr-4 ou Kheibar (portée 2000 km, ogive de 1500 kg) en mai dernier, Téhéran dévoilait au début du mois de juin 2023 sa toute nouvelle arme, le missile balistique hypersonique « Fattah » qui la faisait donc entrer dans le club très fermé des puissances maitrisant de manière opérationnelle l’arme hypersonique.
Merci d'employer un langage courtois dans le cadre de vos échanges.
A contrario, l’armée de l’air iranienne accuse un retard flagrant quant à la modernisation de ses équipements. Son aviation militaire se compose de chasseurs américains F-4 et F-5, de Mig-29 et Su-24 soviétiques, de chasseurs français Mirage F1EQ récupérés aux troupes irakiennes en fuite lors de la guerre du golfe en 1991 ainsi que de Chengdu F-7 (version du J-7 chinois dédiée à l’exportation). À l’ère des chasseurs de génération 4.5 et 5, et alors que commence déjà à se dessiner les prémices de l’aviation du futur avec divers programmes d’avions de sixième génération (NGAD, Tempest, SCAF/NGF) l’Iran traîne la patte alors qu’elle persiste dans son programme nucléaire et que les velléités israéliennes (de même que la colère des occidentaux) ne faiblissent pas à son égard.
Afin de remédier à cette situation, l’Iran aurait conclu un accord avec la Russie dans le cadre duquel Moscou doit livrer à Téhéran des chasseurs Su-35 « Flanker E ». Cette information était relayée par le média Iranien Islamic Republic of Iran News Network (IRIB) au mois de mars dernier.
Selon des propos rapportés par la Think Tank britannique Bourse & Bazaar Foundation (spécialisé dans la diplomatie économique, le développement économique et la justice économique au Moyen-Orient et en Asie centrale), le chef de l’armée de l’air iranienne, le général de brigade Hamid Vahedi, a récemment déclaré à ce propos :
« En ce qui concerne l'achat d'avions de combat Su-35 [à la Russie], nous en avons besoin, mais nous ne savons pas quand ils seront ajoutés à notre escadron. Cela dépend de la décision des hauts fonctionnaires ». La déclaration, réalisée lors d'une interview à la télévision d’Etat iranienne, laisse planer de l'incertitude quant à la réalisation du contrat, là où la position de l’Iran consiste généralement à mettre en avant sa force où éluder les sujets qui la dérangent. Serait-ce un rappel au pouvoir russe de ne pas oublier son engagement ?
Selon un diplomate en fonction et un ancien diplomate ayant une connaissance directe de la question, l'Iran a effectué le « paiement intégral » pour l'achat d'un lot de 50 avions de combat Su-35 rapporte Bourse & Bazaar. Cette somme aurait été versée lors du second mandat du président Hassan Rohani qui s'est achevé en 2021. Sous la protection de l’anonymat, ces deux sources indiquent que la livraison des Su-35 à l’Iran a été fixée pour 2023 par la Russie. Mais aucune des deux diplomates ne s'attend à ce que les livraisons soient effectuées cette année.
Le Su-35, connu sous la dénomination OTAN « Flanker-E », est sans conteste le meilleur avion proposé à l’export par la Russie. Avion monoplace bimoteur, il atteint une vitesse maximale de 1500 km/h à basse altitude et de 2500 km/h à haute altitude. Il dispose aussi d’un système de recherche passif avec son capteur optronique OLS-35 situé sur le nez de l'appareil, mais il est à ce jour le seul des avions dits "de génération 4.5" à ne pas disposer d’un radar à antenne active ou AESA (Active Electronically Scanned Array), et reste donc encore équipé d’un radar à balayage électronique (PESA), l’Irbis-E, doublé d’un radar de queue moins puissant (N-012).
Du côté de son armement, le Su-35 possède 12 points d'emport qui lui offrent la possibilité d'emporter des bombes lisses ou guidées ainsi que des roquettes, des missiles de croisière, des pods de guerre électronique, et des missiles air-air tels que le R-37M d'une portée de 400 km. Il reste cependant inférieur à ses concurrents de même génération comme l’ont prouvé plusieurs compétitions internationales (Corée 2002, Brésil 2014).
La maîtrise du ciel dans le conflit en Ukraine est un enjeu de poids. Alors que les troupes de Kiev ont entamé depuis un mois et demi la première phase de leur contre-offensive et cherchent une brèche dans le dispositif de défense russe, il semble plausible que la Russie puisse abandonner, du moins pour le moment, la livraison des chasseurs à Téhéran afin de prioriser ses besoins sur le théâtre d'opération ukrainien. Des chasseurs comme les Su-35 malgré leur retard face à des Rafale, F-15, F-16 ou Eurofighter restent supérieurs aux MiG-29, Su-24 et Su-25 qui équipent en grande partie l’armée de l’air ukrainienne. L'absence de livraison des Su-35 à l'Ukraine pourrait aussi découler de pressions israéliennes auprès de la Russie. En effet, depuis le début du conflit en Ukraine, Israël se fait discret avec un nombre de livraisons d'équipements militaire relativement limité à l'attention de Kiev ; une arme au poids diplomatique certain pour faire pression sur l'ours russe et retarder ou limiter la livraison des Su-35 à Téhéran.
L’aviation iranienne reste vulnérable face à celle d'Israël, qui ne cache pas sa volonté de contrer les efforts des programmes d’armements iraniens, notamment concernant le nucléaire. L’Etat hébreux, en attente de livraison pour 25 chasseurs F-15 IA (version du F-15 EX de Boeing modifiée pour Israël) et quatre avions de transport militaire et de ravitaillement KC-46A Pegasus de Boeing continue à progresser alors que la livraison des Su-35 à l'Iran semble plus qu’incertaine, au moins pour 2023.
Merci d'employer un langage courtois dans le cadre de vos échanges.
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