Une semaine seulement après Diamant n°3, les techniciens français lançaient avec succès depuis Hammaguir le quatrième et dernier Diamant de la série A ; celui-ci plaçait avec succès sur orbite le second satellite géodésique Diadème.
Le 15 février 1967, après deux arrêts de chronologie -avec toute l’angoisse que cela pouvait générer pour le personnel au sol- Diamant n°4 décolle à 10h20 et, quelques minutes plus tard, place sur orbite le D1D ou Diadème 2, satellite destiné à la géodésie spatiale comme son jumeau Diadème 1, lancé une semaine auparavant. Les techniciens français font ainsi preuve d’un grand professionnalisme en lançant coup sur coup deux satellites, à quelques jours d’intervalle.
Naissance d’une science spatiale.
D’une masse d’une vingtaine de kilogrammes, Diadème 2 est placé sur une orbite de 586 km de périgée et 1 731 km d’apogée. Equipé de deux émetteurs radio et d’un réflecteur laser, sa mission sert (comme Diadème 1) à étudier la forme et les dimensions de la Terre. Bien que Diadème 2 ne fonctionne que jusqu’au 5 avril 1967 (mis hors service le 16 septembre 1968), son jumeau est exploité jusqu’au 2 janvier 1970. La mission est un grand succès. Cela incite les spécialistes à mettre en place le 17 février 1971 le Groupe de recherches de géodésie spatiale (GRGS). Ce dernier succède à l’unité RCP 133 (Recherche coopérative sur programme), une petite structure provisoire mise en place par le CNES dès 1967 pour centraliser les moyens d’étude de la géodésie spatiale française. Placé sous la direction de Jean Kovalesky, assisté de Julien Villecrose (de l’IGN), le GRGS rassemble plusieurs acteurs importants comme le Bureau des longitudes, l’IGN, le CNES et l’Observatoire de Paris, regroupant une quarantaine de chercheurs, ingénieurs et techniciens.
L’ultime Diamant A.
A la veille du lancement de Diamant n°4, une effervescence particulière règne sur la base Brigitte du centre d’Hammaguir. Ce tir allait marquer la fin d’une époque. Dans les semaines qui allaient suivre, commencerait l’évacuation des champs de tir avec le déménagement du matériel qui repartirait pour la métropole ou pour la Guyane. En effet, désormais, les lancements spatiaux se feraient depuis Kourou, en Guyane française, tandis que les tirs militaires s’effectueraient près de Biscarosse, dans les Landes. Rappelons que, selon les accords d’Evian de 1962, la France s’est alors engagée à restituer au plus tard le 1er juillet 1967 l’ensemble des champs tir à l’Algérie, devenue indépendante.
Si la campagne de lancement de Diamant n°3 s’était déroulée dans le secret habituel, la situation a été bien différente pour le dernier lancement de Diamant : « Pour Diamant n°4, il en a été tout autrement, se souvient le colonel Jacques Leclère, alors lieutenant, chef du détachement des Télécommunications à Hammaguir. Le général de Gaulle, président de la République, a décidé que ce dernier lancement serait couvert par tous les moyens d’information de l’époque. Une effervescence a donc envahi le site d’Hammaguir, avec une foule de visiteurs et de vedettes du journalisme ». Etaient ainsi notamment présents Pierre Sabbagh, Thierry de Scitivaux, Jean-Marie Goldefy de l’ORTF, Jacques Carion et Jean Naincherick de Radio Paris Inter, Maurice Bruzek de Europe 1, etc. Jacques Leclère précise : « Il faut aussi noter que, peu de jours avant le lancement de Diamant n°4, la levée d’interdiction de photographier a permis au personnel de « mitrailler » les différentes installations du champ de tir, offrant ainsi à tous des souvenirs inoubliables ! ».
Du sable d’Hammaguir à la jungle guyanaise
Le lancement de Diamant n°4 marque la fin du premier volet du programme Diamant : commencé en 1961 sous la responsabilité des militaires, celui-ci a permis à la France d’acquérir la maîtrise d’un lanceur de satellites. Construit par la SEREB, ce lanceur, 100 % français, a obtenu un taux de réussite de 100 %. La France est alors la troisième nation qui a réussi cet exploit après les Soviétiques (1957) et les Américains (1958).
Toutefois, l’aventure Diamant ne s’arrête pas à Hammaguir, elle va se poursuivre dans la jungle guyanaise avec un nouveau lanceur, Diamant B, réalisé sous la maîtrise d’œuvre des civils du CNES.
Philippe Varnoteaux est docteur en histoire, spécialiste des débuts de l’exploration spatiale en France et auteur de plusieurs ouvrages de référence.
Références
Un témoignage : Le dernier lancement de Diamant A, par le colonel Jacques Leclère, témoignage communiqué à l’auteur le 13 février 2017.
Une conférence : Les débuts de la géodésie spatiale en France, par Jean Kovalevsky et François Barlier, à IGN Saint-Mandé, 14 octobre 2010.
Un site : Capcom Espace
Une semaine seulement après Diamant n°3, les techniciens français lançaient avec succès depuis Hammaguir le quatrième et dernier Diamant de la série A ; celui-ci plaçait avec succès sur orbite le second satellite géodésique Diadème.
Le 15 février 1967, après deux arrêts de chronologie -avec toute l’angoisse que cela pouvait générer pour le personnel au sol- Diamant n°4 décolle à 10h20 et, quelques minutes plus tard, place sur orbite le D1D ou Diadème 2, satellite destiné à la géodésie spatiale comme son jumeau Diadème 1, lancé une semaine auparavant. Les techniciens français font ainsi preuve d’un grand professionnalisme en lançant coup sur coup deux satellites, à quelques jours d’intervalle.
Naissance d’une science spatiale.
D’une masse d’une vingtaine de kilogrammes, Diadème 2 est placé sur une orbite de 586 km de périgée et 1 731 km d’apogée. Equipé de deux émetteurs radio et d’un réflecteur laser, sa mission sert (comme Diadème 1) à étudier la forme et les dimensions de la Terre. Bien que Diadème 2 ne fonctionne que jusqu’au 5 avril 1967 (mis hors service le 16 septembre 1968), son jumeau est exploité jusqu’au 2 janvier 1970. La mission est un grand succès. Cela incite les spécialistes à mettre en place le 17 février 1971 le Groupe de recherches de géodésie spatiale (GRGS). Ce dernier succède à l’unité RCP 133 (Recherche coopérative sur programme), une petite structure provisoire mise en place par le CNES dès 1967 pour centraliser les moyens d’étude de la géodésie spatiale française. Placé sous la direction de Jean Kovalesky, assisté de Julien Villecrose (de l’IGN), le GRGS rassemble plusieurs acteurs importants comme le Bureau des longitudes, l’IGN, le CNES et l’Observatoire de Paris, regroupant une quarantaine de chercheurs, ingénieurs et techniciens.
L’ultime Diamant A.
A la veille du lancement de Diamant n°4, une effervescence particulière règne sur la base Brigitte du centre d’Hammaguir. Ce tir allait marquer la fin d’une époque. Dans les semaines qui allaient suivre, commencerait l’évacuation des champs de tir avec le déménagement du matériel qui repartirait pour la métropole ou pour la Guyane. En effet, désormais, les lancements spatiaux se feraient depuis Kourou, en Guyane française, tandis que les tirs militaires s’effectueraient près de Biscarosse, dans les Landes. Rappelons que, selon les accords d’Evian de 1962, la France s’est alors engagée à restituer au plus tard le 1er juillet 1967 l’ensemble des champs tir à l’Algérie, devenue indépendante.
Si la campagne de lancement de Diamant n°3 s’était déroulée dans le secret habituel, la situation a été bien différente pour le dernier lancement de Diamant : « Pour Diamant n°4, il en a été tout autrement, se souvient le colonel Jacques Leclère, alors lieutenant, chef du détachement des Télécommunications à Hammaguir. Le général de Gaulle, président de la République, a décidé que ce dernier lancement serait couvert par tous les moyens d’information de l’époque. Une effervescence a donc envahi le site d’Hammaguir, avec une foule de visiteurs et de vedettes du journalisme ». Etaient ainsi notamment présents Pierre Sabbagh, Thierry de Scitivaux, Jean-Marie Goldefy de l’ORTF, Jacques Carion et Jean Naincherick de Radio Paris Inter, Maurice Bruzek de Europe 1, etc. Jacques Leclère précise : « Il faut aussi noter que, peu de jours avant le lancement de Diamant n°4, la levée d’interdiction de photographier a permis au personnel de « mitrailler » les différentes installations du champ de tir, offrant ainsi à tous des souvenirs inoubliables ! ».
Du sable d’Hammaguir à la jungle guyanaise
Le lancement de Diamant n°4 marque la fin du premier volet du programme Diamant : commencé en 1961 sous la responsabilité des militaires, celui-ci a permis à la France d’acquérir la maîtrise d’un lanceur de satellites. Construit par la SEREB, ce lanceur, 100 % français, a obtenu un taux de réussite de 100 %. La France est alors la troisième nation qui a réussi cet exploit après les Soviétiques (1957) et les Américains (1958).
Toutefois, l’aventure Diamant ne s’arrête pas à Hammaguir, elle va se poursuivre dans la jungle guyanaise avec un nouveau lanceur, Diamant B, réalisé sous la maîtrise d’œuvre des civils du CNES.
Philippe Varnoteaux est docteur en histoire, spécialiste des débuts de l’exploration spatiale en France et auteur de plusieurs ouvrages de référence.
Références
Un témoignage : Le dernier lancement de Diamant A, par le colonel Jacques Leclère, témoignage communiqué à l’auteur le 13 février 2017.
Une conférence : Les débuts de la géodésie spatiale en France, par Jean Kovalevsky et François Barlier, à IGN Saint-Mandé, 14 octobre 2010.
Un site : Capcom Espace
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