Ce 23 juin, un avion de commandement et de relais de communication stratégique aéroporté E-6B Mercury survolait la mer de Norvège. Les informations disponibles en sources ouvertes (OSINT) permettent de confirmer que l’avion a servi de relais de communication stratégique et a notamment retransmis un "message d’action d’urgence", plus connu sous le terme EAM.
Le 19 juin, un avion de commandement et de relais de communication stratégique aéroporté E-6B Mercury américain décollait de la base aérienne de Tinker (Oklahoma, États-Unis) pour rejoindre la base aérienne de Patuxent River (Maryland, États-Unis). Ce vol ne fut qu'une étape car, le lendemain, le Mercury a décollé depuis cette base pour effectuer un vol transatlantique : le 20 juin vers 13h13, l'appareil atterrissait sur la base aérienne de Rygge (Østfold, Norvège).
Ce déploiement en Europe est plutôt rare et bien souvent traité au sein de la presse spécialisée : la mission première de cet appareil est de transmettre des informations émises depuis les centres de commandement à terre vers la flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) de l'US Navy.
Le 23 juin, peu après 7h30 (heure de Paris), le Mercury décollait de la base de Rygge. Ce dernier a alors effectué un vol au-dessus de la mer de Norvège, au large des côtes norvégiennes. Malgré le fait qu'aucune déclaration officielle n'a été émise sur ce déploiement en Europe, il est possible, grâce aux informations disponibles en sources ouvertes, de donner quelques explications sur ce vol.
Par exemple, l'E-6B a volé dans une zone aux conditions de vol restreintes : un NOTAM a été publié et était actif entre 8h et 12h (heure de Paris). En plus d'être de nature militaire, ce NOTAM précisait la présence d'un danger aérien invisible. Cette information est extrêmement importante car elle confirme que l'E-6B a joué un rôle de relais de communication. Chaque E-6B emporte deux antennes radios VLF souples. Une fois en vol à haute altitude, il va déployer une première antenne VLF souple d'1,6 kilomètres de long, qui sort depuis l'arrière de la base de l'empennage de l'avion. La seconde antenne VLF souple mesure quant à elle 8 kilomètres et est sortie depuis une trappe située à l'arrière du ventre de l'E-6B. Une fois déroulées, l'avion va effectuer des cercles à basse vitesse, tout en avançant. Par effet physique, les deux antennes vont alors s'abaisser le plus perpendiculairement possible par rapport au sol ou à la surface de la mer, créant une "double tornade". Elle permet d'augmenter l'efficacité des deux antennes et donc, d'améliorer la portée des messages émis vers les SNLE.
Vers 9h04 (heure de Paris), les différents radios amateurs pouvaient entendre un message sur les ondes radios. La chaine Youtube Neet Intel, spécialisée dans l'écoute des messages stratégiques américains, permet de réécouter facilement le message émis à ce moment-là (vidéo ci-dessous, message à 3:03:57). La première partie concerne la répétition sonore en alphabet radio de l'indicatif "N3HRFT", suivit du premier message complet : N3HRFTZ74W4IQNDNQ4ZWSE3H0NSJQA. Après la transmission radio, une émission digitale est également transmise avec le même message. Le stream Youtube enregistre ensuite le reste de l'activité radio émise par le Mercury.
En ce qui concerne le tout premier message, il s'agit d'un Emergency Action Message (EAM, soit message d'action d'urgence). De manière générale, ceux-ci comprennent 30 caractères mais peuvent aussi être plus longs. Concrètement, il s'agit d'un message pré-enregistré, structuré, court, crypté et émis sur les ondes en vue d'envoyer un message type ou des informations aux Forces stratégiques américaines. Il est rare, voir même impossible d'avoir des journées sans aucun EAM émis sur les ondes radios mais, comme rappelé par @Neetintel, il n'a jamais été possible de trouver une corrélation entre un nombre élevé d'EAM émis sur une journée et le déclenchement d'une crise internationale durant cette même journée. Inversement, un EAM peut-être émis plus de 30 fois sur une même journée mais, dans ce cas-là, il s'agissait plus que probablement d'un message d'exercice en vue d'entrainer des personnels.
Les EAM permettent d'envoyer de nombreuses informations, comme l'ordre de tir stratégique mais pas uniquement. Par exemple, @ReidDA (ci-dessous) avait découvert que durant les attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, une conférence téléphonique d'urgence avait été mise en place avec de nombreuses autorités et éléments représentants les différentes structures militaires et agences américaines. À un moment, le directeur adjoint des opérations (DDO, deputy director for operations) du centre de commandement militaire national (National Military Command Center, NMCC) annonçait qu'à 14h52 Zulu (soit 16h52 heure de Paris), un EAM avait été émis. C'est alors que le représentant de l'Administration Fédérale de l'Aviation (FAA), participant à la conférence mais non au courant des procédures militaires, demandait ce qui était arrivé à 14h52. Le DDO a alors répondu :
"Roger. C'est un message d'action urgente [EAM] dirigeant les Forces en état d'alerte DEFCON 3."
Pour rappel, plus le niveau DEFCON est bas [de 5 à 1], plus les Forces armées américaines sont mises en alerte afin de répondre à une menace. À noter que cette information est extrêmement rarissime au niveau du grand public ; de manière générale, le niveau DEFCON n'est connu que par les plus hautes autorités civiles et militaires américaines. En revanche, pendant la crise, le grand public ne connait pas le niveau d'alerte DEFCON mais parfois, avec le temps et un peu de chance, des documents déclassifiés permettent de connaitre ce niveau d'alerte hautement stratégique.
La flotte d'E-6B Mercury est intégrée au sein de l'US Navy (USN) et sert à deux missions. La première, et la plus connue, est la mission TACAMO ou Take Charge and Move Out ; comme expliqué précédemment, l'avion sert de relais de communication entre les centres de commandement stratégiques américains et les SNLE de l'US Navy. Il peut aussi être utilisé comme poste de commandement aéroporté stratégique de l'US Air Force (ABNCP). Une fois l'ordre présidentiel reçu, des personnels présents dans l'avion peuvent déclencher - à distance - la mise à feu des missiles stratégiques intercontinentaux Minuteman III de l'US Air Force. Les Mercury n’étaient pas développés pour ce rôle et avaient été pensés uniquement pour les missions TACAMO. Cependant, avec la mise à la retraite des EC-135 Looking Glass de l'USAF, les E-6B ont dû ajouter cette capacité, après l'ajout des systèmes de communication propres à l'US Air Force.
Les E-6B sont souvent visibles sur les sites de live tracking. Ce n'est pas du tout un hasard : ils représentent, suite à leur double mission, la partie émergée de l'iceberg des Forces stratégiques américaines. D'ailleurs, en plus des avions en vol, un certain nombre d'appareil est aussi mis en alerte constante et prêt à décoller à la moindre alerte stratégique. Enfin, dans le cadre du programme recapitalisation TACAMO, l’US Navy remplacera prochainement ses E-6B Mercury par des C-130J-30 Super Hercules.
Informations techniques
Avion de base : Boeing 707 modifié
Taille : 45,8 mètres de long, 45,2 mètres d’envergure et 12,9 mètres de haut
Propulsion : 4x CFM-56-2A-2
Masse maximale au décollage : 155,129 tonnes
Portée et endurance : secrètes mais l’avion est ravitaillable en vol
Coût : 141,7 millions par avion (soit 132,13 millions d’euros)
Équipage : 22
Ce 23 juin, un avion de commandement et de relais de communication stratégique aéroporté E-6B Mercury survolait la mer de Norvège. Les informations disponibles en sources ouvertes (OSINT) permettent de confirmer que l’avion a servi de relais de communication stratégique et a notamment retransmis un "message d’action d’urgence", plus connu sous le terme EAM.
Le 19 juin, un avion de commandement et de relais de communication stratégique aéroporté E-6B Mercury américain décollait de la base aérienne de Tinker (Oklahoma, États-Unis) pour rejoindre la base aérienne de Patuxent River (Maryland, États-Unis). Ce vol ne fut qu'une étape car, le lendemain, le Mercury a décollé depuis cette base pour effectuer un vol transatlantique : le 20 juin vers 13h13, l'appareil atterrissait sur la base aérienne de Rygge (Østfold, Norvège).
Ce déploiement en Europe est plutôt rare et bien souvent traité au sein de la presse spécialisée : la mission première de cet appareil est de transmettre des informations émises depuis les centres de commandement à terre vers la flotte de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) de l'US Navy.
bonjour etant abonné a flightradar24, je visualise les avions de l'USAF coté européen notament sur l'UK, par ailleurs les abonnés peuvent egalement voir la ... présence d'un boeing E3 et d'un MD E4 SKYHAWK basés sur les pays bas plus
Le 23 juin, peu après 7h30 (heure de Paris), le Mercury décollait de la base de Rygge. Ce dernier a alors effectué un vol au-dessus de la mer de Norvège, au large des côtes norvégiennes. Malgré le fait qu'aucune déclaration officielle n'a été émise sur ce déploiement en Europe, il est possible, grâce aux informations disponibles en sources ouvertes, de donner quelques explications sur ce vol.
Par exemple, l'E-6B a volé dans une zone aux conditions de vol restreintes : un NOTAM a été publié et était actif entre 8h et 12h (heure de Paris). En plus d'être de nature militaire, ce NOTAM précisait la présence d'un danger aérien invisible. Cette information est extrêmement importante car elle confirme que l'E-6B a joué un rôle de relais de communication. Chaque E-6B emporte deux antennes radios VLF souples. Une fois en vol à haute altitude, il va déployer une première antenne VLF souple d'1,6 kilomètres de long, qui sort depuis l'arrière de la base de l'empennage de l'avion. La seconde antenne VLF souple mesure quant à elle 8 kilomètres et est sortie depuis une trappe située à l'arrière du ventre de l'E-6B. Une fois déroulées, l'avion va effectuer des cercles à basse vitesse, tout en avançant. Par effet physique, les deux antennes vont alors s'abaisser le plus perpendiculairement possible par rapport au sol ou à la surface de la mer, créant une "double tornade". Elle permet d'augmenter l'efficacité des deux antennes et donc, d'améliorer la portée des messages émis vers les SNLE.
Vers 9h04 (heure de Paris), les différents radios amateurs pouvaient entendre un message sur les ondes radios. La chaine Youtube Neet Intel, spécialisée dans l'écoute des messages stratégiques américains, permet de réécouter facilement le message émis à ce moment-là (vidéo ci-dessous, message à 3:03:57). La première partie concerne la répétition sonore en alphabet radio de l'indicatif "N3HRFT", suivit du premier message complet : N3HRFTZ74W4IQNDNQ4ZWSE3H0NSJQA. Après la transmission radio, une émission digitale est également transmise avec le même message. Le stream Youtube enregistre ensuite le reste de l'activité radio émise par le Mercury.
En ce qui concerne le tout premier message, il s'agit d'un Emergency Action Message (EAM, soit message d'action d'urgence). De manière générale, ceux-ci comprennent 30 caractères mais peuvent aussi être plus longs. Concrètement, il s'agit d'un message pré-enregistré, structuré, court, crypté et émis sur les ondes en vue d'envoyer un message type ou des informations aux Forces stratégiques américaines. Il est rare, voir même impossible d'avoir des journées sans aucun EAM émis sur les ondes radios mais, comme rappelé par @Neetintel, il n'a jamais été possible de trouver une corrélation entre un nombre élevé d'EAM émis sur une journée et le déclenchement d'une crise internationale durant cette même journée. Inversement, un EAM peut-être émis plus de 30 fois sur une même journée mais, dans ce cas-là, il s'agissait plus que probablement d'un message d'exercice en vue d'entrainer des personnels.
Les EAM permettent d'envoyer de nombreuses informations, comme l'ordre de tir stratégique mais pas uniquement. Par exemple, @ReidDA (ci-dessous) avait découvert que durant les attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, une conférence téléphonique d'urgence avait été mise en place avec de nombreuses autorités et éléments représentants les différentes structures militaires et agences américaines. À un moment, le directeur adjoint des opérations (DDO, deputy director for operations) du centre de commandement militaire national (National Military Command Center, NMCC) annonçait qu'à 14h52 Zulu (soit 16h52 heure de Paris), un EAM avait été émis. C'est alors que le représentant de l'Administration Fédérale de l'Aviation (FAA), participant à la conférence mais non au courant des procédures militaires, demandait ce qui était arrivé à 14h52. Le DDO a alors répondu :
"Roger. C'est un message d'action urgente [EAM] dirigeant les Forces en état d'alerte DEFCON 3."
Pour rappel, plus le niveau DEFCON est bas [de 5 à 1], plus les Forces armées américaines sont mises en alerte afin de répondre à une menace. À noter que cette information est extrêmement rarissime au niveau du grand public ; de manière générale, le niveau DEFCON n'est connu que par les plus hautes autorités civiles et militaires américaines. En revanche, pendant la crise, le grand public ne connait pas le niveau d'alerte DEFCON mais parfois, avec le temps et un peu de chance, des documents déclassifiés permettent de connaitre ce niveau d'alerte hautement stratégique.
La flotte d'E-6B Mercury est intégrée au sein de l'US Navy (USN) et sert à deux missions. La première, et la plus connue, est la mission TACAMO ou Take Charge and Move Out ; comme expliqué précédemment, l'avion sert de relais de communication entre les centres de commandement stratégiques américains et les SNLE de l'US Navy. Il peut aussi être utilisé comme poste de commandement aéroporté stratégique de l'US Air Force (ABNCP). Une fois l'ordre présidentiel reçu, des personnels présents dans l'avion peuvent déclencher - à distance - la mise à feu des missiles stratégiques intercontinentaux Minuteman III de l'US Air Force. Les Mercury n’étaient pas développés pour ce rôle et avaient été pensés uniquement pour les missions TACAMO. Cependant, avec la mise à la retraite des EC-135 Looking Glass de l'USAF, les E-6B ont dû ajouter cette capacité, après l'ajout des systèmes de communication propres à l'US Air Force.
Les E-6B sont souvent visibles sur les sites de live tracking. Ce n'est pas du tout un hasard : ils représentent, suite à leur double mission, la partie émergée de l'iceberg des Forces stratégiques américaines. D'ailleurs, en plus des avions en vol, un certain nombre d'appareil est aussi mis en alerte constante et prêt à décoller à la moindre alerte stratégique. Enfin, dans le cadre du programme recapitalisation TACAMO, l’US Navy remplacera prochainement ses E-6B Mercury par des C-130J-30 Super Hercules.
Informations techniques
Avion de base : Boeing 707 modifié
Taille : 45,8 mètres de long, 45,2 mètres d’envergure et 12,9 mètres de haut
Propulsion : 4x CFM-56-2A-2
Masse maximale au décollage : 155,129 tonnes
Portée et endurance : secrètes mais l’avion est ravitaillable en vol
Coût : 141,7 millions par avion (soit 132,13 millions d’euros)
Équipage : 22
bonjour etant abonné a flightradar24, je visualise les avions de l'USAF coté européen notament sur l'UK, par ailleurs les abonnés peuvent egalement voir la ... présence d'un boeing E3 et d'un MD E4 SKYHAWK basés sur les pays bas plus
bonjour etant abonné a flightradar24, je visualise les avions de l'USAF coté européen notament sur l'UK, par ailleurs les abonnés peuvent egalement voir la ... présence d'un boeing E3 et d'un MD E4 SKYHAWK basés sur les pays bas plus