Le sixième Français de l’espace s’est éteint le 19 mars 2023, dans sa 74e année. Ses prédécesseurs astronautes au Cnes, ses camarades de promotion en 1985, et ses successeurs lui rendent ici hommage.
Patrick Baudry (sélection Cnes 1979)
Je tiens à venir souhaiter ici beaucoup de courage à la famille de Jean-Jacques. Les enjoindre, bien sûr, aussi et en même temps, à se rappeler tous les beaux souvenirs d’une vie si bien remplie.
Jean-Jacques était sans doute l’un des mieux connectés de nous tous – nous Astronautes français – à cette expérience commune qui fut et sera la nôtre. Cet homme, notre collègue, notre ami, notre compagnon d’Espace a su garder un regard frais, plein de candeur et de poésie sur la beauté dont nous avons été les témoins privilégiés. Et les échanges avec lui étaient toujours emplis de saveur et de cette curiosité que nos courts voyages dans cette portion infime de l’Univers autour de notre Terre ont développés en nous…
J’espère aider – un peu – les lecteurs à garder en mémoire un personnage haut en couleurs et extrêmement vivant, ô combien parti trop tôt …
Nous rejoindrons tous Jean-Jacques dans le Cosmos…
A tous : Amitiés… plus que jamais spatiales, à travers ces épreuves qui nous permettent de revenir sur les beaux souvenirs de nos voyages passés avec plus de vigueur et nous enjoignent – plus encore – à nous tourner avec un enthousiasme débordant vers ces prochains voyages qui seuls comptent : ceux sur la Lune et vers Mars, quelles que soient les nationalités de ces futurs Astronautes dont les histoires rempliront nos vieux jours !
Nous aurons été – comme Jean-Jacques – des passants dans le Temps et l’Espace, mais, tout comme lui je l’espère, avec un peu plus de poésie dans nos récits !
Jean-Loup Chrétien (sélection Cnes 1979)
Également organiste, le premier astronaute français a choisi de rendre hommage à Jean-Jacques Favier en composant et jouant un morceau intitulé « La dernière orbite », accompagné du message suivant :
Au revoir Jean-Jacques ! Car ce n’est qu’un au-revoir, comme on dit dans ce pays celte qui est le mien.
Parti vers une dernière orbite, je devine ton regard, toujours empli de cette gaieté, cette sérénité, cette joie de vivre si contagieuse, cette modestie réservée aux grands hommes dont tu étais.
Tu laisses derrière toi une famille éprouvée, mais si forte de tout ce que tu leur as apporté.
Au revoir Jean-Jacques, quand notre tour viendra, nous te rejoindrons sur cette orbite éternelle, celle où toutes les âmes se rejoignent dans ce vaisseau aux mains du Grand Capitaine ! Dis-lui juste en passant de nous épargner quelques tempêtes…
Jean-François Clervoy (sélection Cnes 1985)
C’est difficile de croire que Jean-Jacques est définitivement parti vers d’autres horizons au-delà du cosmos. Dès notre sélection en 1985, Jean-Jacques a facilité notre intégration dans le milieu du vol habité spatial car il était le seul d’entre nous a y être déjà intimement impliqué, comme chef scientifique d’expériences embarquées dans la navette spatiale américaine.
Le parcours de vie de Jean-Jacques est si riche et varié autant dans la science, que dans l’exploration spatiale, le management et l’entreprenariat, nourri aussi par l’expérience du vol spatial dont l’observation de la Terre demeure un facteur marquant lui ayant donné le thème de son premier projet de startup.
38 ans de camaraderie, d’amitié et d’échanges professionnels en France et aux Etats-Unis nécessiteraient des pages pour ne manquer aucune anecdote. Nous adorions nous retrouver comme le font les membres d’une même famille partageant les mêmes valeurs, qui ne se voient que trop peu.
Jean-Jacques m’avait confié l’accompagnement de ses parents à Cap Canaveral lors de son décollage en juin 1996. Le partage avec ses proches rendait le moment particulièrement émouvant. Nous nous rendions service mutuellement.
Jean-Jacques m’avait demandé si je pouvais le représenter en tant que parrain de la promotion 2005 des lauréats Zellidja, dont je découvrais la Fondation et les voyages incroyables qu’elle soutenait. Il s’agit de voyages effectués seul, âgé de moins de 20 ans, dont le degré d’audace et d’aventure sont jugés remarquables. Les lauréats sont ceux ou celles couronnés deux fois par la fondation. Tous avaient des mots les plus reconnaissants pour Jean-Jacques dont j’ai compris alors que déjà très jeune, récompensé lauréat lui-même, il avait cette âme d’aventurier prêt à braver toutes les difficultés d’un nouveau projet qu’il choisissait non pas parce que c’était facile mais justement parce que c’était difficile. Et depuis toujours Jean-Jacques consacrait régulièrement son temps à partager ce goût de l’exploration, de la science, de l’espace autant avec les jeunes chercheurs qu’avec le public.
Beaucoup plus récemment, en 2022, je demandai à Jean-Jacques avec un préavis extrêmement court s’il voulait bien participer à un vol Zéro-G en apesanteur pour lequel un groupe de passagers souhaitait la compagnie d’un astronaute vétéran que je ne pouvais pas honorer pendant tout le vol. Jean-Jacques a tout de suite répondu favorablement, passé la visite médicale le déclarant en pleine forme, et participé à ce vol. Nous n’avions pas vécu l’apesanteur ensemble depuis plus de trente ans !
Tout cela pour nous souvenir de Jean-Jacques comme un grand aventurier dans la quête noble du savoir comme chercheur et comme astronaute, dévoué à sa famille, engagé dans le partage et la transmission des connaissances, et dont personne ne peut admettre une disparition si soudaine et inattendue.
Comme notre ainé Jean-Loup Chrétien l’a exprimé dans la musique qu’il lui a dédiée, souhaitons à Jean-Jacques une très belle dernière orbite éternelle.
Claudie Haigneré (sélection Cnes 1985)
Jean Jacques fait partie depuis si longtemps de notre famille et nous avons tant de choses en commun. Je venais tout récemment d'apprendre ses ennuis de santé mais jamais, je n'avais imaginé que cela puisse nous l'enlever si vite.
Jean Jacques a toujours été pour moi un exemple de vie dans sa carrière de scientifique, d'astronaute, d'entrepreneur, de membre engagé dans de bien belles associations, et dans sa bienveillance si magnifique auprès de Michèle. Sa grande et forte personnalité va nous manquer profondément. Je m'associe à votre peine et vous présente mes condoléances attristées.
Certaines personnes viennent dans nos vies, laissent des empreintes dans nos cœurs qui ne sont plus jamais les mêmes. Jean Jacques est l’une de ces personnes. C’est cet ami qui nous aurait manqué si nous n’avions pas eu la chance de le rencontrer il y a 38 ans et de le retrouver régulièrement avec bonheur, toujours charmés par sa passion communicative et inspirante de l’aventure spatiale, de l’aventure scientifique, de l’aventure de la vie. Nous n’aurions pas eu la chance de comprendre les trésors de Méphisto après des discussions sans fin, nous n’aurions peut-être pas apprécié à sa juste valeur le Picodon, nous n’aurions pas connu ces belles actions à destination de la jeunesse, en particulier la fondation Zellidja à laquelle il m’a initié, nous n’aurions pas connu son esprit entrepreneur jusqu’à imaginer, encore hier, les habitats lunaires, nous n’aurions pas partagé toutes ces histoires et ces émotions qui nous unissent, nous astronautes, comme une famille. Jean Jacques, enthousiaste dans l’action, serein dans l’adversité, bienveillant et attentif à tous, c’est un sourire impossible à oublier. Nous ne t’oublierons pas.
Jean-Pierre Haigneré (sélection Cnes 1985)
Jean-Jacques était un ami précieux, un homme sympathique et sérieux, un physicien de haut niveau, et surtout un membre éminent de notre petit groupe de pionniers. Ses travaux avaient permis à certains d'entre nous de s'initier aux fours à gradient thermique et à la physique des solides et d'enrichir la qualité de nos travaux en impesanteur. J'ai beaucoup d'admiration aussi pour tous les soins affectueux qu'il apportait à son épouse Michèle. Je pense très fort à sa famille pour qui cette disparition est une épreuve très douloureuse.
Mon cher Jean-Jacques. Il y a 38 ans nous nous sommes rencontrés pour la première fois la joie au cœur. Nous venions d’apprendre que le Cnes nous avait choisis avec cinq autres camarades pour participer à une aventure extraordinaire, l’exploration spatiale.
Nous avons ensuite trépigné, dans l’attente impatiente de réaliser ce qui nous était promis. Et, chacun de notre côté, nous avons connu l’ivresse du vol dans l’espace, toi dans une navette américaine et moi dans la station Mir.
Tu étais chercheur et physicien, attentif à transmettre ton savoir, ouvert aux autres, toujours d’un très grand calme et empreint de bienveillance pour tes interlocuteurs. Tout ce qui faisait de toi un homme très agréable à côtoyer, un camarade fidèle.
Je suis heureux rétrospectivement des bons moments passés ensemble ces deux dernières années, à l’occasion de nos réunions d’astronautes, qui m’ont permis de mieux te connaître avec Michèle.
Difficile pour nous tous de réaliser ta disparition. Notre groupe d’astronautes français, intègre depuis sa création, devra continuer sa route sans toi, et c’est un défi auquel nous n’étions pas préparés.
Toi non plus à l’évidence, parti pour cette nouvelle aventure sans préavis.
Je ne sais pas ce qu’est le monde où ton destin t’a envoyé, mais je te sais assez fort et imaginatif, pour relever ce nouveau défi.
Je te souhaite bonne route cher Jean-Jacques, tu resteras fortement présent dans nos pensées comme l’ami cher que nous avons perdu.
Michel Tognini (sélection Cnes 1985)
J’ai connu Jean-Jacques à la sélection des spationautes français du Cnes en 1985. Nous sommes tous les deux nés en 1949 et nous avions des profils de carrière différents mais tout de suite on s'est bien entendus : nous avions une sensibilité commune. Par la suite je l’ai retrouvé à la Nasa à Houston pour nos entraînements respectifs et nous parlions souvent ensemble. Les responsables de la Nasa considéraient Jean Jacques comme un vrai professionnel qui connaissait son sujet parfaitement. Par la suite, quand j’ai quitté l’ESA, nous avons encore échangé sur l'éducation et sur le projet de faire une école avec vocation spatiale dès le secondaire. Ce projet n’a pas abouti et c’est pourquoi je pense qu'une école française devrait porter le nom de Jean-Jacques Favier.
Frédéric Patat (sélection Cnes 1985)
J’ai fait la connaissance de Jean-Jacques un matin de septembre 1985 dans le bureau du directeur du Cnes d’alors. Mais je connaissais déjà, grâce à certains projets autour de la microgravité, les questionnements et les très belles expériences de physique de la matière, qui animaient alors les travaux de Jean-Jacques et son équipe grenobloise. Nous avons eu ensuite ces moments communs avec cette équipe de sept. Je me souviens de la sérénité, de l’équanimité d’un grand type qui voyait toujours loin, surement un effet de sa stature. J’espère que le nom de Jean-Jacques restera attaché à un lieu, une institution, portant ainsi témoignage de son parcours où la science se conçoit bien comme une aventure.
Michel Viso (sélection Cnes 1985)
Bien sûr nous nous sommes côtoyés, tous les sept d’ailleurs, après notre sélection. Nous avons passé des moments épars au gré des rencontres, de nos espoirs et de nos occupations. Les communautés scientifiques avec lesquelles nous travaillions avaient peu de points communs. Nos rencontres étaient peu nombreuses mais toujours chaleureuses. J’ai croisé Jean-Jacques brièvement lors de son retour de vol au Centre spatial Kennedy (je m’occupais des rats…). Il a décliné ma proposition de se faire biopsier par un vétérinaire… Un souvenir marquant remonte au Toulouse Space Show de 2016. Le Cnes m’avait demandé d’inventer et d’animer la journée grand public du jeudi 30 juin. Les lycéens et collégiens en vacances, les étudiants en train de plier bagage pour retourner chez eux... Facile ! Le thème retenu était l’exploration. Dans les 300 m² du salon Caravelle du palais des congrès Pierre Baudis, au milieu d’un agencement de caisses de transports et d’objets emblématiques, étaient réunis des acteurs du spatial en tenue : un avocat en robe, un officier sous-marinier en uniforme, une géologue en tenue de terrain, des ingénieurs et Jean-Jacques en combinaison bleue d’astronaute, rayonnant au milieu des élèves et du public. Nous avions assez peu échangé, tellement il était sollicité. Là, témoignant, expliquant et racontant il « était à son affaire » comme on dit dans mes campagnes. Jean-Jacques, avec sa grande taille, émergeant de la forêt de têtes attentives est l’image qui le représente si bien et une des plus marquantes qui me restera de lui.
Philippe Perrin (sélection Cnes 1990)
Jean-Jacques tu étais pour moi une force tranquille, comment imaginer que cette force ait pu te quitter ?
Tu portais dans tes traits ta bienveillance et ta finesse, qui aujourd’hui me font défaut, comme me font défaut tes conseils, d’un ancien toujours heureux de voir les nouvelles générations d’astronautes prendre le relais. Par-dessus tout, j’aimais en toi cette discrétion, qui souvent va de pair avec le talent, et qui t’a probablement conduit à nous quitter sans faire de bruit.
Nous partagions ce bonheur commun de vivre à Toulouse et aujourd’hui tu me laisses orphelin. Que les plus jeunes sachent tout le talent que tu as amené à notre fraternité d’astronautes et qu’ils soient, comme tu l’as si bien été, des ambassadeurs de la science et du savoir.
Bon vol vers les étoiles Jean-Jacques, maintenant qu’elles chantent directement à tes oreilles.
Thomas Pesquet (sélection ESA 2009)
La famille des astronautes français perd son premier membre, et c’est une partie de nous qui s’en va avec lui.
J’ai rencontré Jean-Jacques en 2009, et il m’a accueilli à bras ouverts dans cette fratrie particulière. Depuis, à chaque interaction, il s’est montré bienveillant et amical, et il a toujours porté bien haut les idées d’exploration spatiale avec sympathie, sérieux, modestie et pédagogie. Son départ laisse un vide mais c’est malheureusement le lot, parfois tragique, de toutes les familles : voir certains membres disparaître, et en accueillir de nouveaux. Merci Jean-Jacques pour ton rôle dans l’aventure spatiale, je connaissais moins l’homme, mais j’ai apprécié l’astronaute, et j’ai une pensée émue pour ta famille, tes proches et ceux que tu laisses derrière toi.
Bonne route vers les étoiles.
Sophie Adenot (sélection ESA 2022)
C’est avec la plus grande peine que j’apprends l’envol sans-retour de Jean-Jacques Favier. Je ne le connaissais pas personnellement, mais je me joins à votre peine, car je sais ô combien c’est difficile de perdre un camarade de promotion, un frère d’arme, un collègue de travail.
Un camarade avec qui on s’est entraîné, un collègue avec qui on a préparé des missions, un ami avec qui on a ri, on a trimé, on a fêté les joies des séances de simu réussies ou les difficultés des moments moins amusants. Jean-Jacques s’est envolé mais son souvenir reste bien vivant dans nos cœurs.
Je vous envoie toutes mes pensées, ainsi qu’à sa famille pour ces moments d’une densité émotionnelle incomparable.
Arnaud Prost (sélection ESA 2022)
Merci Jean-Jacques pour ton sourire quand j'ai eu la chance de te croiser il y a presque dix ans.
Tu m'as montré qu'on pouvait être quelqu'un de sérieux sans se prendre au sérieux, qu'on pouvait être allé dans l'espace tout en restant accessible et bienveillant.
Tu resteras un exemple !
Le sixième Français de l’espace s’est éteint le 19 mars 2023, dans sa 74e année. Ses prédécesseurs astronautes au Cnes, ses camarades de promotion en 1985, et ses successeurs lui rendent ici hommage.
Patrick Baudry (sélection Cnes 1979)
Je tiens à venir souhaiter ici beaucoup de courage à la famille de Jean-Jacques. Les enjoindre, bien sûr, aussi et en même temps, à se rappeler tous les beaux souvenirs d’une vie si bien remplie.
Jean-Jacques était sans doute l’un des mieux connectés de nous tous – nous Astronautes français – à cette expérience commune qui fut et sera la nôtre. Cet homme, notre collègue, notre ami, notre compagnon d’Espace a su garder un regard frais, plein de candeur et de poésie sur la beauté dont nous avons été les témoins privilégiés. Et les échanges avec lui étaient toujours emplis de saveur et de cette curiosité que nos courts voyages dans cette portion infime de l’Univers autour de notre Terre ont développés en nous…
J’espère aider – un peu – les lecteurs à garder en mémoire un personnage haut en couleurs et extrêmement vivant, ô combien parti trop tôt …
Nous rejoindrons tous Jean-Jacques dans le Cosmos…
A tous : Amitiés… plus que jamais spatiales, à travers ces épreuves qui nous permettent de revenir sur les beaux souvenirs de nos voyages passés avec plus de vigueur et nous enjoignent – plus encore – à nous tourner avec un enthousiasme débordant vers ces prochains voyages qui seuls comptent : ceux sur la Lune et vers Mars, quelles que soient les nationalités de ces futurs Astronautes dont les histoires rempliront nos vieux jours !
Nous aurons été – comme Jean-Jacques – des passants dans le Temps et l’Espace, mais, tout comme lui je l’espère, avec un peu plus de poésie dans nos récits !
Jean-Loup Chrétien (sélection Cnes 1979)
Également organiste, le premier astronaute français a choisi de rendre hommage à Jean-Jacques Favier en composant et jouant un morceau intitulé « La dernière orbite », accompagné du message suivant :
Au revoir Jean-Jacques ! Car ce n’est qu’un au-revoir, comme on dit dans ce pays celte qui est le mien.
Parti vers une dernière orbite, je devine ton regard, toujours empli de cette gaieté, cette sérénité, cette joie de vivre si contagieuse, cette modestie réservée aux grands hommes dont tu étais.
Tu laisses derrière toi une famille éprouvée, mais si forte de tout ce que tu leur as apporté.
Au revoir Jean-Jacques, quand notre tour viendra, nous te rejoindrons sur cette orbite éternelle, celle où toutes les âmes se rejoignent dans ce vaisseau aux mains du Grand Capitaine ! Dis-lui juste en passant de nous épargner quelques tempêtes…
Jean-François Clervoy (sélection Cnes 1985)
C’est difficile de croire que Jean-Jacques est définitivement parti vers d’autres horizons au-delà du cosmos. Dès notre sélection en 1985, Jean-Jacques a facilité notre intégration dans le milieu du vol habité spatial car il était le seul d’entre nous a y être déjà intimement impliqué, comme chef scientifique d’expériences embarquées dans la navette spatiale américaine.
Le parcours de vie de Jean-Jacques est si riche et varié autant dans la science, que dans l’exploration spatiale, le management et l’entreprenariat, nourri aussi par l’expérience du vol spatial dont l’observation de la Terre demeure un facteur marquant lui ayant donné le thème de son premier projet de startup.
38 ans de camaraderie, d’amitié et d’échanges professionnels en France et aux Etats-Unis nécessiteraient des pages pour ne manquer aucune anecdote. Nous adorions nous retrouver comme le font les membres d’une même famille partageant les mêmes valeurs, qui ne se voient que trop peu.
Jean-Jacques m’avait confié l’accompagnement de ses parents à Cap Canaveral lors de son décollage en juin 1996. Le partage avec ses proches rendait le moment particulièrement émouvant. Nous nous rendions service mutuellement.
Jean-Jacques m’avait demandé si je pouvais le représenter en tant que parrain de la promotion 2005 des lauréats Zellidja, dont je découvrais la Fondation et les voyages incroyables qu’elle soutenait. Il s’agit de voyages effectués seul, âgé de moins de 20 ans, dont le degré d’audace et d’aventure sont jugés remarquables. Les lauréats sont ceux ou celles couronnés deux fois par la fondation. Tous avaient des mots les plus reconnaissants pour Jean-Jacques dont j’ai compris alors que déjà très jeune, récompensé lauréat lui-même, il avait cette âme d’aventurier prêt à braver toutes les difficultés d’un nouveau projet qu’il choisissait non pas parce que c’était facile mais justement parce que c’était difficile. Et depuis toujours Jean-Jacques consacrait régulièrement son temps à partager ce goût de l’exploration, de la science, de l’espace autant avec les jeunes chercheurs qu’avec le public.
Beaucoup plus récemment, en 2022, je demandai à Jean-Jacques avec un préavis extrêmement court s’il voulait bien participer à un vol Zéro-G en apesanteur pour lequel un groupe de passagers souhaitait la compagnie d’un astronaute vétéran que je ne pouvais pas honorer pendant tout le vol. Jean-Jacques a tout de suite répondu favorablement, passé la visite médicale le déclarant en pleine forme, et participé à ce vol. Nous n’avions pas vécu l’apesanteur ensemble depuis plus de trente ans !
Tout cela pour nous souvenir de Jean-Jacques comme un grand aventurier dans la quête noble du savoir comme chercheur et comme astronaute, dévoué à sa famille, engagé dans le partage et la transmission des connaissances, et dont personne ne peut admettre une disparition si soudaine et inattendue.
Comme notre ainé Jean-Loup Chrétien l’a exprimé dans la musique qu’il lui a dédiée, souhaitons à Jean-Jacques une très belle dernière orbite éternelle.
Claudie Haigneré (sélection Cnes 1985)
Jean Jacques fait partie depuis si longtemps de notre famille et nous avons tant de choses en commun. Je venais tout récemment d'apprendre ses ennuis de santé mais jamais, je n'avais imaginé que cela puisse nous l'enlever si vite.
Jean Jacques a toujours été pour moi un exemple de vie dans sa carrière de scientifique, d'astronaute, d'entrepreneur, de membre engagé dans de bien belles associations, et dans sa bienveillance si magnifique auprès de Michèle. Sa grande et forte personnalité va nous manquer profondément. Je m'associe à votre peine et vous présente mes condoléances attristées.
Certaines personnes viennent dans nos vies, laissent des empreintes dans nos cœurs qui ne sont plus jamais les mêmes. Jean Jacques est l’une de ces personnes. C’est cet ami qui nous aurait manqué si nous n’avions pas eu la chance de le rencontrer il y a 38 ans et de le retrouver régulièrement avec bonheur, toujours charmés par sa passion communicative et inspirante de l’aventure spatiale, de l’aventure scientifique, de l’aventure de la vie. Nous n’aurions pas eu la chance de comprendre les trésors de Méphisto après des discussions sans fin, nous n’aurions peut-être pas apprécié à sa juste valeur le Picodon, nous n’aurions pas connu ces belles actions à destination de la jeunesse, en particulier la fondation Zellidja à laquelle il m’a initié, nous n’aurions pas connu son esprit entrepreneur jusqu’à imaginer, encore hier, les habitats lunaires, nous n’aurions pas partagé toutes ces histoires et ces émotions qui nous unissent, nous astronautes, comme une famille. Jean Jacques, enthousiaste dans l’action, serein dans l’adversité, bienveillant et attentif à tous, c’est un sourire impossible à oublier. Nous ne t’oublierons pas.
Jean-Pierre Haigneré (sélection Cnes 1985)
Jean-Jacques était un ami précieux, un homme sympathique et sérieux, un physicien de haut niveau, et surtout un membre éminent de notre petit groupe de pionniers. Ses travaux avaient permis à certains d'entre nous de s'initier aux fours à gradient thermique et à la physique des solides et d'enrichir la qualité de nos travaux en impesanteur. J'ai beaucoup d'admiration aussi pour tous les soins affectueux qu'il apportait à son épouse Michèle. Je pense très fort à sa famille pour qui cette disparition est une épreuve très douloureuse.
Mon cher Jean-Jacques. Il y a 38 ans nous nous sommes rencontrés pour la première fois la joie au cœur. Nous venions d’apprendre que le Cnes nous avait choisis avec cinq autres camarades pour participer à une aventure extraordinaire, l’exploration spatiale.
Nous avons ensuite trépigné, dans l’attente impatiente de réaliser ce qui nous était promis. Et, chacun de notre côté, nous avons connu l’ivresse du vol dans l’espace, toi dans une navette américaine et moi dans la station Mir.
Tu étais chercheur et physicien, attentif à transmettre ton savoir, ouvert aux autres, toujours d’un très grand calme et empreint de bienveillance pour tes interlocuteurs. Tout ce qui faisait de toi un homme très agréable à côtoyer, un camarade fidèle.
Je suis heureux rétrospectivement des bons moments passés ensemble ces deux dernières années, à l’occasion de nos réunions d’astronautes, qui m’ont permis de mieux te connaître avec Michèle.
Difficile pour nous tous de réaliser ta disparition. Notre groupe d’astronautes français, intègre depuis sa création, devra continuer sa route sans toi, et c’est un défi auquel nous n’étions pas préparés.
Toi non plus à l’évidence, parti pour cette nouvelle aventure sans préavis.
Je ne sais pas ce qu’est le monde où ton destin t’a envoyé, mais je te sais assez fort et imaginatif, pour relever ce nouveau défi.
Je te souhaite bonne route cher Jean-Jacques, tu resteras fortement présent dans nos pensées comme l’ami cher que nous avons perdu.
Michel Tognini (sélection Cnes 1985)
J’ai connu Jean-Jacques à la sélection des spationautes français du Cnes en 1985. Nous sommes tous les deux nés en 1949 et nous avions des profils de carrière différents mais tout de suite on s'est bien entendus : nous avions une sensibilité commune. Par la suite je l’ai retrouvé à la Nasa à Houston pour nos entraînements respectifs et nous parlions souvent ensemble. Les responsables de la Nasa considéraient Jean Jacques comme un vrai professionnel qui connaissait son sujet parfaitement. Par la suite, quand j’ai quitté l’ESA, nous avons encore échangé sur l'éducation et sur le projet de faire une école avec vocation spatiale dès le secondaire. Ce projet n’a pas abouti et c’est pourquoi je pense qu'une école française devrait porter le nom de Jean-Jacques Favier.
Frédéric Patat (sélection Cnes 1985)
J’ai fait la connaissance de Jean-Jacques un matin de septembre 1985 dans le bureau du directeur du Cnes d’alors. Mais je connaissais déjà, grâce à certains projets autour de la microgravité, les questionnements et les très belles expériences de physique de la matière, qui animaient alors les travaux de Jean-Jacques et son équipe grenobloise. Nous avons eu ensuite ces moments communs avec cette équipe de sept. Je me souviens de la sérénité, de l’équanimité d’un grand type qui voyait toujours loin, surement un effet de sa stature. J’espère que le nom de Jean-Jacques restera attaché à un lieu, une institution, portant ainsi témoignage de son parcours où la science se conçoit bien comme une aventure.
Michel Viso (sélection Cnes 1985)
Bien sûr nous nous sommes côtoyés, tous les sept d’ailleurs, après notre sélection. Nous avons passé des moments épars au gré des rencontres, de nos espoirs et de nos occupations. Les communautés scientifiques avec lesquelles nous travaillions avaient peu de points communs. Nos rencontres étaient peu nombreuses mais toujours chaleureuses. J’ai croisé Jean-Jacques brièvement lors de son retour de vol au Centre spatial Kennedy (je m’occupais des rats…). Il a décliné ma proposition de se faire biopsier par un vétérinaire… Un souvenir marquant remonte au Toulouse Space Show de 2016. Le Cnes m’avait demandé d’inventer et d’animer la journée grand public du jeudi 30 juin. Les lycéens et collégiens en vacances, les étudiants en train de plier bagage pour retourner chez eux... Facile ! Le thème retenu était l’exploration. Dans les 300 m² du salon Caravelle du palais des congrès Pierre Baudis, au milieu d’un agencement de caisses de transports et d’objets emblématiques, étaient réunis des acteurs du spatial en tenue : un avocat en robe, un officier sous-marinier en uniforme, une géologue en tenue de terrain, des ingénieurs et Jean-Jacques en combinaison bleue d’astronaute, rayonnant au milieu des élèves et du public. Nous avions assez peu échangé, tellement il était sollicité. Là, témoignant, expliquant et racontant il « était à son affaire » comme on dit dans mes campagnes. Jean-Jacques, avec sa grande taille, émergeant de la forêt de têtes attentives est l’image qui le représente si bien et une des plus marquantes qui me restera de lui.
Philippe Perrin (sélection Cnes 1990)
Jean-Jacques tu étais pour moi une force tranquille, comment imaginer que cette force ait pu te quitter ?
Tu portais dans tes traits ta bienveillance et ta finesse, qui aujourd’hui me font défaut, comme me font défaut tes conseils, d’un ancien toujours heureux de voir les nouvelles générations d’astronautes prendre le relais. Par-dessus tout, j’aimais en toi cette discrétion, qui souvent va de pair avec le talent, et qui t’a probablement conduit à nous quitter sans faire de bruit.
Nous partagions ce bonheur commun de vivre à Toulouse et aujourd’hui tu me laisses orphelin. Que les plus jeunes sachent tout le talent que tu as amené à notre fraternité d’astronautes et qu’ils soient, comme tu l’as si bien été, des ambassadeurs de la science et du savoir.
Bon vol vers les étoiles Jean-Jacques, maintenant qu’elles chantent directement à tes oreilles.
Thomas Pesquet (sélection ESA 2009)
La famille des astronautes français perd son premier membre, et c’est une partie de nous qui s’en va avec lui.
J’ai rencontré Jean-Jacques en 2009, et il m’a accueilli à bras ouverts dans cette fratrie particulière. Depuis, à chaque interaction, il s’est montré bienveillant et amical, et il a toujours porté bien haut les idées d’exploration spatiale avec sympathie, sérieux, modestie et pédagogie. Son départ laisse un vide mais c’est malheureusement le lot, parfois tragique, de toutes les familles : voir certains membres disparaître, et en accueillir de nouveaux. Merci Jean-Jacques pour ton rôle dans l’aventure spatiale, je connaissais moins l’homme, mais j’ai apprécié l’astronaute, et j’ai une pensée émue pour ta famille, tes proches et ceux que tu laisses derrière toi.
Bonne route vers les étoiles.
Sophie Adenot (sélection ESA 2022)
C’est avec la plus grande peine que j’apprends l’envol sans-retour de Jean-Jacques Favier. Je ne le connaissais pas personnellement, mais je me joins à votre peine, car je sais ô combien c’est difficile de perdre un camarade de promotion, un frère d’arme, un collègue de travail.
Un camarade avec qui on s’est entraîné, un collègue avec qui on a préparé des missions, un ami avec qui on a ri, on a trimé, on a fêté les joies des séances de simu réussies ou les difficultés des moments moins amusants. Jean-Jacques s’est envolé mais son souvenir reste bien vivant dans nos cœurs.
Je vous envoie toutes mes pensées, ainsi qu’à sa famille pour ces moments d’une densité émotionnelle incomparable.
Arnaud Prost (sélection ESA 2022)
Merci Jean-Jacques pour ton sourire quand j'ai eu la chance de te croiser il y a presque dix ans.
Tu m'as montré qu'on pouvait être quelqu'un de sérieux sans se prendre au sérieux, qu'on pouvait être allé dans l'espace tout en restant accessible et bienveillant.
Tu resteras un exemple !
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