Le 23 juin, pas moins de 8 missiles balistiques ATACMS étaient tirés par les Ukrainiens. Au moins une partie d’entre eux ont explosé sur le site NIP-16 en Crimée, spécialisé dans le suivi et le contrôle des satellites.
Le 23 juin en début de soirée, une vidéo impressionnante montrait le tir en deux salves d'un total de 8 missiles balistiques courte portée MGM-140 ATACMS depuis quatre lance-roquettes multiples M270 Multiple-Launch Rocket Systems (MLRS). À elle seule, cette vidéo est déjà une première car elle confirme que les MLRS sont capables de tirer les ATACMS (qu'ils n'ont pas été bridés à la livraison ou débridé à l'arrivée des ATACMS). C'est aussi la première vidéo filmée du tir, par les militaires ukrainiens, de 8 ATACMS : la ou les cibles visées doivent être importantes !
Rapidement, de premières informations et vidéos géolocalisées annonçaient des frappes sur le centre spatial NIP-16, situé au nord et à l'est du village de Vitino (Crimée). Les images du FIRMS confirment également les frappes, localisées sur la zone des bâtiments du site NIP-16. L'image ci-après montre des détections de chaleur intense (précision de 1 km) sur la zone dès 21h15 le 23 juin. Pour rappel, le Fire Information for Resource Management System (FIRMS) de la NASA est un système permettant de cartographier les incendies importants, leur intensité et leur emplacement, le tout, moins de trois heures après leur détection par satellite. Concrètement, le FIRMS détecte en réalité de nombreuses sources de chaleurs : feux de forêt bien évidemment mais aussi tours de refroidissement des industries lourdes... ou encore incendies causés par des combats importants.
De plus, une image prise le 24 juin 2024 par le satellite Sentinel-2 L1C et publiée par @MT_Anderson (ci-dessous) confirme également la frappe. Des traces d'incendies sur les installations situées à l'Ouest et à l'Est de la zone des bâtiments du site annonce déjà des frappes multiples. L'image ci-après utilise les données du satellite Sentinel-2 sur une image de Google Earth datant du 28 avril 2021. Si des bâtiments sont plus que probablement détruits, il est aussi possible qu'une des antennes Pluton soit aussi détruite ; dans le cas où un ATACMS à sous-munitions aurait été utilisé, les antennes sont peut-être totalement trouées.
Durant la fin de la guerre froide, le site, principalement utilisé en soutien aux missions spatiales soviétiques, notamment pour effectuer du suivi et du contrôle de satellites, la radiolocation de planètes ou encore de la radioastronomie. Le site est notamment connu pour accueillir des antennes de grandes tailles, comme les ADU-1000 (visibles ci-dessus) ou encore le radio télescope RT-70 de 70 mètres de diamètres (non visible sur l'image ci-dessus).
D'un point de vue géopolitique, c'est aussi une station hors-Russie ! La fin de la guerre froide signifie la fin des navires de suivi et de contrôle de satellites, tels que l'Akademik Sergey Korolyov (Projet soviétique 1908), le Kosmonavt Yuriy Gagarin (Projet soviétique 1909), le Kosmonaut Vladimir Komarov (Projet soviétique 1917),... et les différentes stations situées dans les anciennes républiques soviétiques. Dès lors, l'annexion de la Crimée en 2014 permet à la Russie de récupérer une station de suivi et de contrôle en dehors de son territoire. À titre de comparaison, la NASA dispose de presque une vingtaine de stations, disséminées aux quatre coins du globe : Hawaii, Amérique du Nord, Chili, Afrique du Sud, Australie, Singapour, Espagne,... NIP-16 est aussi une station située dans une zone aux conditions climatiques idéales et donc, bien plus efficaces que certaines stations en Russie.
En 2017, les Forces aérospatiales russes implémentent un plan de reconstruction de près de 28 millions de dollars et une réutilisation du site à son plein potentiel estimée à 2020. Des images récentes montrent d'ailleurs une augmentation du nombre de dômes et antennes sur le site (publication ci-dessous). Certaines sources ouvertes annoncent une utilisation du site dans le cadre du réseau de détection avancée des missiles balistiques ciblant la Russie. Cependant, comme expliqué par Fabian Rene Hoffmann au site The War Zone :
"Je n’ai rien trouvé qui indique qu’il [NIP-16] servirait de liaison descendante pour les satellites spatiaux d’alerte précoce, donc je suppose qu’il ne joue aucun rôle dans la défense antimissile balistique."
En revanche, et comme expliqué ci-dessus, la destruction de bâtiments du site NIP-16 pourrait réduire les capacités russes à suivre et contrôler des satellites, y compris la constellation GLONASS. Cette dernière est composée de plus d'une vingtaine de satellites et permet notamment aux Forces armées russes de détenir un moyen mondial de positionnement par satellite... et bien évidemment, utilisé par les Forces armées russes en Ukraine. Il s'agit-là d'un équivalent du GPS américain ou encore du Galileo européen. Des bâtiments de recherche, avec leurs expériences et prototypes ont peut être aussi été détruits, ralentissant les recherches dans ce domaine spécifique du suivi des satellites. Cette frappe n'a donc pas un effet direct et tactique sur le terrain mais bien plus stratégique, affaiblissant l'efficacité du suivi et contrôle des différents satellites russes.
Le 23 juin, pas moins de 8 missiles balistiques ATACMS étaient tirés par les Ukrainiens. Au moins une partie d’entre eux ont explosé sur le site NIP-16 en Crimée, spécialisé dans le suivi et le contrôle des satellites.
Le 23 juin en début de soirée, une vidéo impressionnante montrait le tir en deux salves d'un total de 8 missiles balistiques courte portée MGM-140 ATACMS depuis quatre lance-roquettes multiples M270 Multiple-Launch Rocket Systems (MLRS). À elle seule, cette vidéo est déjà une première car elle confirme que les MLRS sont capables de tirer les ATACMS (qu'ils n'ont pas été bridés à la livraison ou débridé à l'arrivée des ATACMS). C'est aussi la première vidéo filmée du tir, par les militaires ukrainiens, de 8 ATACMS : la ou les cibles visées doivent être importantes !
Rapidement, de premières informations et vidéos géolocalisées annonçaient des frappes sur le centre spatial NIP-16, situé au nord et à l'est du village de Vitino (Crimée). Les images du FIRMS confirment également les frappes, localisées sur la zone des bâtiments du site NIP-16. L'image ci-après montre des détections de chaleur intense (précision de 1 km) sur la zone dès 21h15 le 23 juin. Pour rappel, le Fire Information for Resource Management System (FIRMS) de la NASA est un système permettant de cartographier les incendies importants, leur intensité et leur emplacement, le tout, moins de trois heures après leur détection par satellite. Concrètement, le FIRMS détecte en réalité de nombreuses sources de chaleurs : feux de forêt bien évidemment mais aussi tours de refroidissement des industries lourdes... ou encore incendies causés par des combats importants.
De plus, une image prise le 24 juin 2024 par le satellite Sentinel-2 L1C et publiée par @MT_Anderson (ci-dessous) confirme également la frappe. Des traces d'incendies sur les installations situées à l'Ouest et à l'Est de la zone des bâtiments du site annonce déjà des frappes multiples. L'image ci-après utilise les données du satellite Sentinel-2 sur une image de Google Earth datant du 28 avril 2021. Si des bâtiments sont plus que probablement détruits, il est aussi possible qu'une des antennes Pluton soit aussi détruite ; dans le cas où un ATACMS à sous-munitions aurait été utilisé, les antennes sont peut-être totalement trouées.
Durant la fin de la guerre froide, le site, principalement utilisé en soutien aux missions spatiales soviétiques, notamment pour effectuer du suivi et du contrôle de satellites, la radiolocation de planètes ou encore de la radioastronomie. Le site est notamment connu pour accueillir des antennes de grandes tailles, comme les ADU-1000 (visibles ci-dessus) ou encore le radio télescope RT-70 de 70 mètres de diamètres (non visible sur l'image ci-dessus).
D'un point de vue géopolitique, c'est aussi une station hors-Russie ! La fin de la guerre froide signifie la fin des navires de suivi et de contrôle de satellites, tels que l'Akademik Sergey Korolyov (Projet soviétique 1908), le Kosmonavt Yuriy Gagarin (Projet soviétique 1909), le Kosmonaut Vladimir Komarov (Projet soviétique 1917),... et les différentes stations situées dans les anciennes républiques soviétiques. Dès lors, l'annexion de la Crimée en 2014 permet à la Russie de récupérer une station de suivi et de contrôle en dehors de son territoire. À titre de comparaison, la NASA dispose de presque une vingtaine de stations, disséminées aux quatre coins du globe : Hawaii, Amérique du Nord, Chili, Afrique du Sud, Australie, Singapour, Espagne,... NIP-16 est aussi une station située dans une zone aux conditions climatiques idéales et donc, bien plus efficaces que certaines stations en Russie.
En 2017, les Forces aérospatiales russes implémentent un plan de reconstruction de près de 28 millions de dollars et une réutilisation du site à son plein potentiel estimée à 2020. Des images récentes montrent d'ailleurs une augmentation du nombre de dômes et antennes sur le site (publication ci-dessous). Certaines sources ouvertes annoncent une utilisation du site dans le cadre du réseau de détection avancée des missiles balistiques ciblant la Russie. Cependant, comme expliqué par Fabian Rene Hoffmann au site The War Zone :
"Je n’ai rien trouvé qui indique qu’il [NIP-16] servirait de liaison descendante pour les satellites spatiaux d’alerte précoce, donc je suppose qu’il ne joue aucun rôle dans la défense antimissile balistique."
En revanche, et comme expliqué ci-dessus, la destruction de bâtiments du site NIP-16 pourrait réduire les capacités russes à suivre et contrôler des satellites, y compris la constellation GLONASS. Cette dernière est composée de plus d'une vingtaine de satellites et permet notamment aux Forces armées russes de détenir un moyen mondial de positionnement par satellite... et bien évidemment, utilisé par les Forces armées russes en Ukraine. Il s'agit-là d'un équivalent du GPS américain ou encore du Galileo européen. Des bâtiments de recherche, avec leurs expériences et prototypes ont peut être aussi été détruits, ralentissant les recherches dans ce domaine spécifique du suivi des satellites. Cette frappe n'a donc pas un effet direct et tactique sur le terrain mais bien plus stratégique, affaiblissant l'efficacité du suivi et contrôle des différents satellites russes.
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