Q : Comment l’approche d’ingénierie système basée sur les missions de Siemens
aide-t-elle les entreprises de l’aéronautique et de la défense à gérer la complexité
croissante des systèmes modernes ?
R : L’ingénierie système basée sur les modèles (MBSE) est essentielle pour aider les
entreprises de l’aéronautique et de la défense à faire face à la complexité grandissante des
systèmes actuels. L’enjeu principal consiste à mettre en place un environnement unifié,
propice à une collaboration fluide entre les différents métiers, outils et partenaires.
Une approche basée sur la mission commence par la « mission » elle-même, c’est-à-dire
l’usage final du produit et les exigences associées. Elle permet d’aller au-delà de
l’optimisation des seuls domaines ou sous-systèmes, en s’appuyant sur une intégration
robuste des interfaces et une collaboration élargie. Résultat : une optimisation globale du
produit sur l’ensemble de son cycle de vie. Cette approche réduit les risques techniques en
anticipant les problèmes, évitant ainsi les retards et les surcoûts liés à leur découverte
tardive.
Plutôt que de s’appuyer sur des fichiers numériques isolés et souvent déconnectés,
l’approche basée sur la mission permet aux ingénieurs systèmes de capturer l’intention de
conception dans un modèle numérique dynamique et évolutif. Ce modèle peut ensuite être
directement relié aux outils d’ingénierie en aval : électrique, mécanique, logiciel et simulation.
Le but étant de pouvoir générer des BOMs (Bills of Materials) afin de satisfaire les besoins
d’ingénierie, de production et de maintenance.
C’est cette continuité qui fait notre différence. Nous sommes en mesure de relier
véritablement la vision système aux implémentations détaillées propres à chaque domaine,
assurant ainsi la traçabilité et limitant les risques de déconnexion. Les ingénieurs, quel que
soit leur métier, accèdent aux mêmes données système fondamentales et les exploitent,
plutôt que de travailler en silos. Cette approche unifiée et fondée sur les modèles est
essentielle pour maîtriser la complexité croissante des systèmes de plus en plus
interconnectés et interdépendants.
Q : Quels sont les principaux défis liés à la transition vers la MBSE et comment
Siemens Xcelerator aide-t-il à les surmonter ?
R : Le plus grand défi est souvent d’obtenir l’adhésion des équipes d’ingénierie. L’approche
orientée mission représente un changement profond par rapport aux méthodes
traditionnelles centrées sur les documents, et les ingénieurs sont souvent réticents à modifier
leurs habitudes.
Siemens Xcelerator aide à surmonter cela de plusieurs façons. D’abord, il permet aux
ingénieurs de conserver leurs outils existants grâce à une plateforme ouverte qui s’intègre de
manière fluide à leurs applications spécialisées. Les équipes n'ont donc pas besoin
d'apprendre un nouvel environnement, ce qui leur permet de mettre immédiatement leur
savoir-faire au service de l’ingénierie.
Plutôt que d’imposer un processus MBSE rigide, l’objectif est d’accompagner les équipes
afin d’identifier leurs problématiques propres et de montrer en quoi l’approche basée sur les
modèles peut y répondre concrètement. Par exemple, en alimentant automatiquement leurs
outils de conception avec des données issues du modèle système, on peut rendre leur travail
quotidien à la fois plus efficace, plus productif et plus connecté.
L’enjeu principal est de faciliter au maximum l’adoption du MBSE, afin qu’elle soit perçue
comme un réel avantage. Les ingénieurs doivent profiter de l’approche basée sur les
modèles, et non effectuer un travail supplémentaire pour répondre à une exigence
organisationnelle. C’est ainsi que Siemens contribue à accélérer une transformation véritable
et durable.
Q : Comment la solution MBSE de Siemens favorise-t-elle une collaboration fluide
entre différents métiers, outils et fournisseurs, en particulier lorsqu'il s'agit de
systèmes hérités et de modèles tiers ?
R : La collaboration est précisément l’un des points forts d’une approche ouverte et intégrée
du MBSE. Les capacités de gestion du cycle de vie de la plateforme Siemens Xcelerator ont
été conçues comme un point de convergence central, capable de fédérer données et
modèles issus de sources multiples.
Chaque équipe ou fournisseur peut continuer à utiliser ses applications de prédilection.
L’élément clé réside dans une solution capable d’interpréter les informations contenues dans
ces modèles tout en préservant les liens critiques et la traçabilité, y compris lorsque la
conception évolue à travers les frontières organisationnelles.
C’est d’autant plus important lorsqu’il s’agit de systèmes hérités ou de contributions tierces.
Cela permet d’intégrer facilement les modèles externes dans l’architecture globale, en
conservant les acquis existants et en assurant une vue d’ensemble cohérente basée sur les
modèles.
De plus, la nature cloud de la suite Siemens Xcelerator facilite cette approche collaborative.
Les équipes et les fournisseurs peuvent accéder en toute sécurité à l’environnement de
conception partagé et y contribuer, sans nécessiter une intégration directe dans les
différentes infrastructures informatiques. Cette flexibilité et évolutivité permettent de favoriser
une collaboration ouverte, élément indispensable pour réussir des programmes complexes
dans les secteurs de l’aérospatiale et de la défense.
Q : Quel rôle joue la simulation multi-domaine dans la réduction des risques
techniques dès les premières phases de conception ? Comment Siemens garantit
l’efficacité de la vérification et la validation du système ?
R : La simulation multi-domaine joue un rôle clé dans l’identification et la résolution des
problèmes avant qu’ils ne se matérialisent sur le système physique. En modélisant de
manière intégrée les dimensions électrique, mécanique, logicielle et autres aspects critiques
de la conception, elle permet de révéler des risques liés aux interactions complexes entre
sous-systèmes.
Prenons l’exemple d’un aéronef électrique à décollage et atterrissage verticaux (eVTOL). La
batterie doit être conçue non seulement pour soutenir le vol en croisière, mais aussi pour
répondre à une demande de puissance élevée au moment du décollage. Une optimisation
centrée uniquement sur la croisière pourrait compromettre les phases critiques de décollage
et d’atterrissage. Grâce à la simulation multi-domaine, il est possible d’explorer des
scénarios de mission réalistes et d’optimiser les dépendances inter-domaines afin de réduire
efficacement les risques techniques dès la conception.
Chez Siemens, cette approche de vérification et de validation pilotée par la simulation est
étroitement liée à notre démarche MBSE. Le modèle système intégré constitue la source
unique de vérité, ce qui permet de générer les modèles de simulation à partir de cette base,
tout en assurant une traçabilité et une cohérence sur l’ensemble du cycle de vie.
En s’appuyant sur un modèle système robuste, orienté mission, et en le validant par la
simulation multi-domaine, les entreprises du secteur aéronautique et défense peuvent
garantir les performances attendues de leurs systèmes complexes tout en évitant les
coûteuses déconvenues en phase finale de développement.
Q : Pour les entreprises qui commencent tout juste leur parcours MBSE, quelles sont
les premières étapes à suivre pour accélérer leur transformation numérique et
maximiser les bénéfices d’une approche basée sur les modèles ?
R : La clé est de ne pas chercher à tout formaliser dès le départ, mais plutôt de se
concentrer sur la création rapide de valeur concrète pour les équipes d’ingénierie. Inutile de
s’enliser dans la mise en place d’un cadre MBSE « parfait » dès le début.
Il est plus efficace de démarrer avec les outils et intégrations capables de générer un impact
immédiat. Pour cela, il faut identifier les principales difficultés rencontrées par les équipes :
peut-être s’agit-il d’un manque de continuité entre la conception système et l’ingénierie
détaillée ou des difficultés à gérer les modifications dans un environnement impliquant
plusieurs fournisseurs... Une fois ces problématiques ciblées, on peut déterminer comment
les solutions MBSE de Siemens peuvent y répondre de manière précise.
L’objectif est clair : mettre entre les mains des ingénieurs une solution utile en quelques
semaines, pas en quelques années. Montrer concrètement comment un modèle intégré et
une approche collaborative orientée « mission » peut faciliter leur travail au quotidien est le
meilleur levier pour favoriser l’adoption et susciter une dynamique positive autour du MBSE.
Bien sûr, Siemens est là pour accompagner cette transition. Nos experts peuvent évaluer la
situation actuelle, identifier les gains rapides et construire un plan d’action pour faire évoluer
progressivement les capacités MBSE de l’entreprise. Le plus important est de commencer
petit et démontrer de la valeur rapidement. La transformation numérique est un chemin
progressif, et elle doit générer des bénéfices considérables lorsqu’elle est menée avec une
approche pragmatique, et les solutions MBSE de Siemens sont là pour en être le catalyseur.
Q : Que doivent savoir les entreprises sur SysML V2 et son impact sur leur approche
de la MBSE ?
R : SysML V2 marque une avancée décisive dans le langage de modélisation des systèmes,
offrant une transformation fondamentale de la manière dont les entreprises abordent la
MBSE. Par rapport à SysML V1, il propose une précision, une cohérence et une facilité
d’utilisation considérablement améliorées, mieux adaptées aux exigences de l’ingénierie des
systèmes modernes.
Consciente du potentiel de SysML V2, Siemens s’est associée à IBM pour accélérer son
adoption dans l’industrie aérospatiale. Cette collaboration combine l’expertise MBSE
complète de Siemens avec les capacités d’IBM, afin d’aider les entreprises à exploiter plus
efficacement les atouts de SysML V2. L’objectif du partenariat est de développer des
solutions intégrées permettant aux entreprises aérospatiales de :
● Créer des modèles système d’une précision accrue grâce aux fondations
sémantiques renforcées de SysML V2,
● Améliorer la collaboration grâce à de meilleures capacités d’échange de modèles,
● Tirer parti de la modélisation textuelle en complément de la modélisation graphique
traditionnelle,
● Bénéficier de capacités renforcées en matière de vérification et validation.
Par rapport à SysML V1, SysML V2 offre une particularité importante, ce n’est pas
simplement un outil d’édition d’architecture de modèle mais aussi un “Repository” d’échange
d’informations.
Pour les entreprises déjà utilisatrices de SysML V1 ou envisageant de passer au MBSE, il
est crucial de comprendre que SysML V2 ne constitue pas une simple mise à jour, mais une
modernisation complète. Il répond à de nombreuses limitations de la version précédente et
propose une véritable évolution.
Grâce au portefeuille Siemens Xcelerator et à notre partenariat avec IBM, nous
accompagnons les entreprises dans cette transition tout en garantissant la compatibilité avec
leurs outils et processus existants. Cela leur permet d’adopter SysML V2 à leur rythme, tout
en continuant à valoriser leurs investissements MBSE actuels. L’avenir du MBSE repose sur
des standards ouverts et des écosystèmes collaboratifs, et SysML V2, soutenu par des
partenariats comme celui entre Siemens et IBM, constitue la pierre angulaire de cette
nouvelle ère de l’ingénierie des systèmes.
Vous souhaitez aller plus loin et découvrir comment la simulation et le MBSE transforment
concrètement les projets dans l’aéronautique et la défense ? Visionnez notre série.
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