Dans une allocution, le ministre de la défense singapourien a évoqué l'emploi supposé de l'avion de chasse F35 au-dessus du territoire ukrainien par les USA, afin d'y recueillir des données sur les systèmes russes de défense aérienne. La déclaration, qui fait les choux gras de la propagande russe, est cependant largement remise en cause par une analyse des capacités de l'avion et de la géographie du front.
Le ministre de la Défense de Singapour, Ng Eng Hen, a évoqué le déploiement de l'avion de chasse furtif F-35 américain au-dessus du territoire ukrainien lors d'une réunion de la commission des marchés publics du Parlement. Selon ses dires, l'appareil aurait été déployé pour y réaliser des missions de guerre électronique visant à collecter les émissions des radars russes afin d'en déterminer la position. Cependant, l'utilisation d'un avion de chasse de cette catégorie pour une mission de guerre électronique est peu crédible, sans même envisager le risque politique qu'une telle révélation fait peser sur les USA.
Jusqu'à présent, les alliés de l'Ukraine ont déployé un nombre important d'appareils afin de recueillir du renseignement d'origine électromagnétique sur le déploiement russe en Ukraine: RC-135 Rivet Joint britanniques et américains, les avion de reconnaissance EP-3E Aries II de l'US Navy, les E-3 Sentry AWACS dont disposent plusieurs pays européens, les drones RQ-4 Global Hawk, les avions de patrouille maritime comme le P-8A Poseidon ou Atlantique 2 français, mais aussi potentiellement des avions de chasse comme le Mirage 2000D de l'Armée de l'air et de l'espace équipé de son pod dédié ASTAC... Même si la plupart des avions de chasse modernes sont équipés de système de détecteurs de électronique, comme le F-35, le Rafale ou l'Eurofighter, la fonction principale de l'équipement est de détecter un éventuel éclairage de l'avion par un radar ennemi et ils ne sont pas les plus adaptés à réaliser ce type de mission. Les appareils dédiés offriront ainsi des portées de détection très supérieures, à plusieurs centaines de kilomètres de distance.
La deuxième interrogation porte sur la zone survolée. La Russie occupe une longue bande côtière le long de la Mer Noire, et les radars ou système de défense aérienne sont logiquement en retrait de quelques dizaines de kilomètres de la ligne de front. Dans ces conditions, un survol en Mer Noire dans l'espace aérien international permettrait une meilleure proximité et une meilleure détection sur les systèmes russes, le tout sans faire peser le moindre risque politique.
Si l'idée de déployer des appareils occidentaux inadapté à l'endroit le moins pertinent de la zone de tension peut être exclu par simple analyse tactique du front, la suspicion que de telles opérations puissent être conduites sert cependant la Russie. En effet, si la fourniture de renseignements à un belligérant, le déploiement d'instructeurs ou la transmission de matériels militaires n'ont jamais été considérés comme une entrée en guerre par le passé, la Russie cherche aujourd'hui à attiser les craintes des opinions publiques dans les pays soutenant l'Ukraine, en cherchant notamment des éléments pouvant faire croire en une cobelligérance.
Or, même si le F-35 est furtif, le déploiement de chasseurs en Ukraine serait tout sauf discret. Pour qu'un F-35 réalise une mission en Ukraine en décollant depuis l'Europe, il devrait nécessairement être accompagné d'avions ravitailleurs qui ne sauraient passer inaperçus. Par ailleurs, l'éventualité d'un déroutement de l'avion pour cause technique de l'appareil sur le territoire survolé serait nécessairement signalé, d'autant que le F-35 est incapable de se poser sur un aéroport ne disposant pas des moyens pouvant l'accueillir (notamment pour assurer son refroidissement un fois le moteur éteint ou pour assurer sa maintenance indispensable avant un redécollage).
Les alliés de l'Ukraine lui ont déjà fourni un nombre conséquent de système de guerre électronique notamment capables de détecter les radars russes en fonctionnement. Ils ont même réussi à intégrer sur les avions soviétiques les missiles AGM-88 pouvant détecter les systèmes de défense aérien puis être tirés contre ces derniers, et ce dès l'année 2022. Les Ukrainiens développent par ailleurs des détecteurs embarqués sur des ballons captifs et permettant de repérer les radars russes en fonctionnement. Mais si les alliés de l'Ukraine souhaitaient lui offrir des capacités de guerre électronique aéroportés depuis son propre territoire, de nombreuses autres solutions sont imaginables :
Si les États-Unis souhaitaient réellement augmenter la capacité de ciblage ukrainien, ils disposent de moyens nombreux, plus discret, plus efficaces, moins coûteux et diplomatiquement moins risqué que le déploiement de chasseurs F-35. Le premier ministre singapourien a donc probablement mal interprété les informations relatives à des patrouilles des chasseurs réalisées très ouvertement par tous les alliés de l'Ukraine en mer noire et sur le flanc Est de l'OTAN. Quoi qu'il en soit, l'aviation ukrainienne progresse effectivement dans le sud et contre la défense aérienne russe, comme nous l'expliquions dans cette vidéo, confirmant sa capacité dans le domaine de la guerre électronique.
Dans une allocution, le ministre de la défense singapourien a évoqué l'emploi supposé de l'avion de chasse F35 au-dessus du territoire ukrainien par les USA, afin d'y recueillir des données sur les systèmes russes de défense aérienne. La déclaration, qui fait les choux gras de la propagande russe, est cependant largement remise en cause par une analyse des capacités de l'avion et de la géographie du front.
Chantal Ou bien, tout simplement, le stagiaires qui a rédigé la fiche pour le ministre a confondu RC-135 et F-35.
Le ministre de la Défense de Singapour, Ng Eng Hen, a évoqué le déploiement de l'avion de chasse furtif F-35 américain au-dessus du territoire ukrainien lors d'une réunion de la commission des marchés publics du Parlement. Selon ses dires, l'appareil aurait été déployé pour y réaliser des missions de guerre électronique visant à collecter les émissions des radars russes afin d'en déterminer la position. Cependant, l'utilisation d'un avion de chasse de cette catégorie pour une mission de guerre électronique est peu crédible, sans même envisager le risque politique qu'une telle révélation fait peser sur les USA.
Jusqu'à présent, les alliés de l'Ukraine ont déployé un nombre important d'appareils afin de recueillir du renseignement d'origine électromagnétique sur le déploiement russe en Ukraine: RC-135 Rivet Joint britanniques et américains, les avion de reconnaissance EP-3E Aries II de l'US Navy, les E-3 Sentry AWACS dont disposent plusieurs pays européens, les drones RQ-4 Global Hawk, les avions de patrouille maritime comme le P-8A Poseidon ou Atlantique 2 français, mais aussi potentiellement des avions de chasse comme le Mirage 2000D de l'Armée de l'air et de l'espace équipé de son pod dédié ASTAC... Même si la plupart des avions de chasse modernes sont équipés de système de détecteurs de électronique, comme le F-35, le Rafale ou l'Eurofighter, la fonction principale de l'équipement est de détecter un éventuel éclairage de l'avion par un radar ennemi et ils ne sont pas les plus adaptés à réaliser ce type de mission. Les appareils dédiés offriront ainsi des portées de détection très supérieures, à plusieurs centaines de kilomètres de distance.
La deuxième interrogation porte sur la zone survolée. La Russie occupe une longue bande côtière le long de la Mer Noire, et les radars ou système de défense aérienne sont logiquement en retrait de quelques dizaines de kilomètres de la ligne de front. Dans ces conditions, un survol en Mer Noire dans l'espace aérien international permettrait une meilleure proximité et une meilleure détection sur les systèmes russes, le tout sans faire peser le moindre risque politique.
Si l'idée de déployer des appareils occidentaux inadapté à l'endroit le moins pertinent de la zone de tension peut être exclu par simple analyse tactique du front, la suspicion que de telles opérations puissent être conduites sert cependant la Russie. En effet, si la fourniture de renseignements à un belligérant, le déploiement d'instructeurs ou la transmission de matériels militaires n'ont jamais été considérés comme une entrée en guerre par le passé, la Russie cherche aujourd'hui à attiser les craintes des opinions publiques dans les pays soutenant l'Ukraine, en cherchant notamment des éléments pouvant faire croire en une cobelligérance.
Or, même si le F-35 est furtif, le déploiement de chasseurs en Ukraine serait tout sauf discret. Pour qu'un F-35 réalise une mission en Ukraine en décollant depuis l'Europe, il devrait nécessairement être accompagné d'avions ravitailleurs qui ne sauraient passer inaperçus. Par ailleurs, l'éventualité d'un déroutement de l'avion pour cause technique de l'appareil sur le territoire survolé serait nécessairement signalé, d'autant que le F-35 est incapable de se poser sur un aéroport ne disposant pas des moyens pouvant l'accueillir (notamment pour assurer son refroidissement un fois le moteur éteint ou pour assurer sa maintenance indispensable avant un redécollage).
Les alliés de l'Ukraine lui ont déjà fourni un nombre conséquent de système de guerre électronique notamment capables de détecter les radars russes en fonctionnement. Ils ont même réussi à intégrer sur les avions soviétiques les missiles AGM-88 pouvant détecter les systèmes de défense aérien puis être tirés contre ces derniers, et ce dès l'année 2022. Les Ukrainiens développent par ailleurs des détecteurs embarqués sur des ballons captifs et permettant de repérer les radars russes en fonctionnement. Mais si les alliés de l'Ukraine souhaitaient lui offrir des capacités de guerre électronique aéroportés depuis son propre territoire, de nombreuses autres solutions sont imaginables :
Si les États-Unis souhaitaient réellement augmenter la capacité de ciblage ukrainien, ils disposent de moyens nombreux, plus discret, plus efficaces, moins coûteux et diplomatiquement moins risqué que le déploiement de chasseurs F-35. Le premier ministre singapourien a donc probablement mal interprété les informations relatives à des patrouilles des chasseurs réalisées très ouvertement par tous les alliés de l'Ukraine en mer noire et sur le flanc Est de l'OTAN. Quoi qu'il en soit, l'aviation ukrainienne progresse effectivement dans le sud et contre la défense aérienne russe, comme nous l'expliquions dans cette vidéo, confirmant sa capacité dans le domaine de la guerre électronique.
Chantal Ou bien, tout simplement, le stagiaires qui a rédigé la fiche pour le ministre a confondu RC-135 et F-35.