Ariane 6 perd le lancement du premier satellite européen EUMETSAT avant même son premier décollage
Ariane 6 perd le lancement du premier satellite européen EUMETSAT avant même son premier décollage

publié le 04 juillet 2024 à 08:15

573 mots

Ariane 6 perd le lancement du premier satellite européen EUMETSAT avant même son premier décollage

Alors qu’une décision en faveur d’une souveraineté européenne dans le lancement spatial avait été validée, les États membres de l’Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT) ont finalement décidé de lancer le satellite MTG-S1 via une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis les USA. Une décision attribuée aux retards d'Ariane Group mais qui suscite l'inquiétude des acteurs du spatial européen.


Lancer un satellite européen aux Etats-Unis

Le 26 et 27 juin, se tenait la réunion du Conseil des États membres de l’Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT). Lors de cette rencontre des trente pays membres de l'organisation, il fut convenu de réaffirmer le soutien des États membres aux technologies industrielles européennes et à l’objectif de maintenir un accès indépendant à l’espace. Seule ombre au tableau, le Conseil, dans un communiqué du 28 juin, explique que le satellite Meteosat Third Generation-Sounder 1 (MTG-S1) sera finalement lancé depuis une Falcon 9, un lanceur américain, loin des aspirations d’indépendance exprimées et des décisions initiales en faveur du lanceur Ariane 6.

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Le satellite MTG-S1 emporte un sondeur infrarouge de troisième génération et doit être placé en orbite géostationnaire pour offrir des services météorologiques en Europe et en Afrique ©
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La Falcon 9 préférée à Ariane 6

Alors que l’ESA a annoncé le vol inaugural du lanceur Ariane 6 le 9 juillet prochain depuis le port spatial de Kourou, ce revirement amène à s’interroger sur le réel souhait de souveraineté exprimé par les États membres. En effet, le lancement du satellite MTG-S1 sur une fusée Falcon 9 de SpaceX en 2025 annule le signé un contrat en 2015 pour un lancement sur une fusée d'Ariane Group.

Un choix expliqué par les retards pris par Ariane Group

Sur le plan opérationnel, cette décision n’est cependant pas étonnante. En effet, le contrat prévoyait une mise en orbite de MTG-S1 dès 2023. De plus, le satellite MTG-S1 nécessite la version lourde du futur lanceur européen dit Ariane 64 pour atteindre son orbite optimale. Or c'est seulement la version 62 avec deux boosters qui sera qualifiée le 9 juillet prochain, en cas de succès du tir. Le directeur général d’EUMETSAT, Phil Evans, explique dans le communiqué que "cette décision a été motivée par des circonstances exceptionnelles".

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Ariane 6 doit exister en version classique avec deux boosters, et version lourde avec 4 boosters ©
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Une solution qui ne devrait être que temporaire

La mise en orbite de MTG-S1 sur un lanceur non-européen devrait cependant rester un cas unique, le communiqué soulignant que les contrats de lancement des satellites MTG-I2, Metop-SGA et Metop-SGB s'effectueront bien en collaboration avec Arianespace. Mais cette précision ne semble pas avoir satisfait les acteurs du spatial européen, le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher, évoquant une « décision surprenante d'Eumetsat de lancer avec la Falcon 9 de SpaceX au lieu d'Ariane 6, sans attendre le vol inaugural avant de prendre sa décision ».

Faut-il un protectionnisme européen dans le secteur spatial?

Eumetsat est une organisation financée par les contribuables européens. Le lancement d’un satellite sur un lanceur américain remet donc en cause l’idée d’un protectionnisme européen dans le secteur spatial alors que les États-Unis pratiquent cette politique pour leurs satellites institutionnels, scientifiques et militaires. L’objectif est de faire vivre le secteur spatial privé américain, y compris en acceptant de payer des tarifs plus élevés que les clients privés aux sociétés de lancement, permettant indirectement de financer la recherche et gagner des parts de marché.

« Jusqu’où irons-nous, Européens, dans notre naïveté ? » s’inquiète le président du CNES à l’annonce de ce contrat, et d’en appeler à la Commission européenne enfin de prendre des mesures protectionnistes « pour que tous les satellites institutionnels européens soient lancés sur des petits et grands lanceurs européens. »

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04/07/2024 08:15
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Ariane 6 perd le lancement du premier satellite européen EUMETSAT avant même son premier décollage

Alors qu’une décision en faveur d’une souveraineté européenne dans le lancement spatial avait été validée, les États membres de l’Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT) ont finalement décidé de lancer le satellite MTG-S1 via une fusée Falcon 9 de SpaceX depuis les USA. Une décision attribuée aux retards d'Ariane Group mais qui suscite l'inquiétude des acteurs du spatial européen.

Ariane 6 perd le lancement du premier satellite européen EUMETSAT avant même son premier décollage
Ariane 6 perd le lancement du premier satellite européen EUMETSAT avant même son premier décollage

Lancer un satellite européen aux Etats-Unis

Le 26 et 27 juin, se tenait la réunion du Conseil des États membres de l’Organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques (EUMETSAT). Lors de cette rencontre des trente pays membres de l'organisation, il fut convenu de réaffirmer le soutien des États membres aux technologies industrielles européennes et à l’objectif de maintenir un accès indépendant à l’espace. Seule ombre au tableau, le Conseil, dans un communiqué du 28 juin, explique que le satellite Meteosat Third Generation-Sounder 1 (MTG-S1) sera finalement lancé depuis une Falcon 9, un lanceur américain, loin des aspirations d’indépendance exprimées et des décisions initiales en faveur du lanceur Ariane 6.

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Le satellite MTG-S1 emporte un sondeur infrarouge de troisième génération et doit être placé en orbite géostationnaire pour offrir des services météorologiques en Europe et en Afrique ©
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La Falcon 9 préférée à Ariane 6

Alors que l’ESA a annoncé le vol inaugural du lanceur Ariane 6 le 9 juillet prochain depuis le port spatial de Kourou, ce revirement amène à s’interroger sur le réel souhait de souveraineté exprimé par les États membres. En effet, le lancement du satellite MTG-S1 sur une fusée Falcon 9 de SpaceX en 2025 annule le signé un contrat en 2015 pour un lancement sur une fusée d'Ariane Group.

Un choix expliqué par les retards pris par Ariane Group

Sur le plan opérationnel, cette décision n’est cependant pas étonnante. En effet, le contrat prévoyait une mise en orbite de MTG-S1 dès 2023. De plus, le satellite MTG-S1 nécessite la version lourde du futur lanceur européen dit Ariane 64 pour atteindre son orbite optimale. Or c'est seulement la version 62 avec deux boosters qui sera qualifiée le 9 juillet prochain, en cas de succès du tir. Le directeur général d’EUMETSAT, Phil Evans, explique dans le communiqué que "cette décision a été motivée par des circonstances exceptionnelles".

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Ariane 6 doit exister en version classique avec deux boosters, et version lourde avec 4 boosters ©
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Une solution qui ne devrait être que temporaire

La mise en orbite de MTG-S1 sur un lanceur non-européen devrait cependant rester un cas unique, le communiqué soulignant que les contrats de lancement des satellites MTG-I2, Metop-SGA et Metop-SGB s'effectueront bien en collaboration avec Arianespace. Mais cette précision ne semble pas avoir satisfait les acteurs du spatial européen, le directeur général de l’ESA, Josef Aschbacher, évoquant une « décision surprenante d'Eumetsat de lancer avec la Falcon 9 de SpaceX au lieu d'Ariane 6, sans attendre le vol inaugural avant de prendre sa décision ».

Faut-il un protectionnisme européen dans le secteur spatial?

Eumetsat est une organisation financée par les contribuables européens. Le lancement d’un satellite sur un lanceur américain remet donc en cause l’idée d’un protectionnisme européen dans le secteur spatial alors que les États-Unis pratiquent cette politique pour leurs satellites institutionnels, scientifiques et militaires. L’objectif est de faire vivre le secteur spatial privé américain, y compris en acceptant de payer des tarifs plus élevés que les clients privés aux sociétés de lancement, permettant indirectement de financer la recherche et gagner des parts de marché.

« Jusqu’où irons-nous, Européens, dans notre naïveté ? » s’inquiète le président du CNES à l’annonce de ce contrat, et d’en appeler à la Commission européenne enfin de prendre des mesures protectionnistes « pour que tous les satellites institutionnels européens soient lancés sur des petits et grands lanceurs européens. »



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