Exercices multiples pour les B-52 en Europe : gros déploiement belge sur l'Allemagne et entrainement avec l'AAE en Provence
Exercices multiples pour les B-52 en Europe : gros déploiement belge sur l'Allemagne et entrainement avec l'AAE en Provence
© 350 Sqn

publié le 06 septembre 2022 à 18:45

854 mots

Exercices multiples pour les B-52 en Europe : gros déploiement belge sur l'Allemagne et entrainement avec l'AAE en Provence

Depuis la mi-août, deux B-52 de l'USAF sont déployés en Europe. La plupart de leurs vols comportent des entrainements avec des forces aériennes européennes. Le 24 août, la Belgique mobilisait pas moins de 10 F-16 pour une COMAO avec les bombardiers et le 31 août, ces derniers effectuaient un entrainement au-dessus de Captieux, avec des éléments de l'Armée de l'Air et de l'Espace.


Bomber task force en Europe

Suite aux récentes tensions avec la Russie, il n’est pas rare de voir de nombreux moyens aériens américains déployés en Europe, comme c’était le cas à la fin du mois de juillet, avec l’arrivée de 12 chasseurs furtifs F-22 de l’Armée de l’Air américaine (USAF) (voir l’article centré sur ce sujet).

Depuis le 19 août, ce sont aussi deux bombardiers stratégiques B-52H Stratofortress qui sont déployés depuis la base aérienne de Fairford (Gloucestershire, Royaume-Uni). En dehors de sa capacité à délivrer le feu nucléaire ou encore de larguer des bombes (51 Mk 82, 18 Mk 84,…), c’est surtout un appareil utilisé pour lancer de nombreux missiles air-sol ou bombes guidées. Ainsi, un seul B-52H a la capacité d’emporter 20 missiles de croisières AGM-86C ou 12 JSOW ou encore 12 JDAM.

COMAO sur l’Allemagne

Le 24 août, une COMAO s’est rassemblée dans le ciel allemand. Une opération aérienne composite (ou COMAO) comprend divers avions de combat au sein d’une formation capable de répondre à de nombreuses menaces. Dans ce cas-ci, il s’agissait de pouvoir contrôler un espace aérien afin d’ouvrir la voie aux deux B-52H. Les unités engagées comprenaient notamment :

  • 2 B-52H de l’USAF (Fairford, Royaume-Uni)
  • 2 Eurofighter de la Luftwaffe (Nörvenich, Allemagne)
  • 2 Tornado IDS (interdiction et attaque) de la Luftwaffe (Nörvenich, Allemagne)
  • 4 F-16 de la Composante Air (Florennes, Belgique)
  • 6 F-16 de la Composante Air (Kleine-Brogel, Belgique)

Au sol, des unités allemandes étaient également présentes sur le champ de tir de Baumholder (Rhénanie-Palatinat, Allemagne) : JTAC, contrôleurs aériens, moyens de commandement et de contrôle.

Il faut remarquer que la Composante Air avait déployé un nombre important de ses moyens de combat pour cette COMAO puisque ce sont presque 20 % des F-16 belges qui participaient à cet exercice. D’ailleurs, le rôle de commandant de mission de la COMAO était assuré par un pilote belge. Cette mission a permis d’améliorer la coopération et l’intégration entre les appareils de différentes forces aériennes appartenant à des États membres de l’OTAN.

La fin de la mission s'est terminée sur la base aérienne de Florennes (province de Namur, Belgique) : un B-52H a effectué une approche TACAN sur la piste 26R. Pour rappel, le TACAN est une approche aux instruments qui mène l’avion à 500 pieds au-dessus du sol. C’est une approche de non-précision militaire, comparable à une approche VOR pour les avions de ligne. Le pilote doit voir le sol aux minimas pour atterrir. Le pilote a ensuite le choix entre une low approach (remise des gaz sans toucher de piste), touch-and-go ou enfin atterrissage complet. Dans ce cas-ci, le B-52 a effectué une low approach, en descendant à environ 1.000 pieds (304 mètres) avant de reprendre de l'altitude et repartir vers Fairford.

Tracé d'un des deux B-52H incluant l'approche TACAN sur la base aérienne belge de Florennes.
Tracé d'un des deux B-52H incluant l'approche TACAN sur la base aérienne belge de Florennes. © ADS-B (carte), 350th Sqn (TACAN), Air&Cosmos (montage)
Tracé d'un des deux B-52H incluant l'approche TACAN sur la base aérienne belge de Florennes.

Les Forces armées belges dans leur ensemble sont très actives au sein de l’OTAN, comme le démontre deux missions récemment terminées ; 

  • les 300 militaires de la Composante Terre déployés en Roumanie au sein d’un bataillon français. La Composante terre reste cependant présentes avec l'arrivée au début du mois d'août de 70 militaires du génie afin de construire la nouvelle base.
  • le déploiement de 4 avions de combats F-16 (bases aériennes de Florennes et Kleine-Brogel) pendant 8 mois en Estonie pour la mission Baltic Air Policing et ensuite prolongés au sein de la mission enhanced Baltic Air Policing.
(de gauche à droite) 3 F-16 belges, deux B-52H, un quatrième F-16 belge, deux Tornado IDS et deux Eurofighter allemands.
Vue d'une partie de la COMAO : (de gauche à droite) 3 F-16 belges, deux B-52H, un quatrième F-16 belge, deux Tornado IDS et deux Eurofighter allemands. © 350 Sqn
(de gauche à droite) 3 F-16 belges, deux B-52H, un quatrième F-16 belge, deux Tornado IDS et deux Eurofighter allemands.

Entrainement sur Captieux

Le 31 août, les deux bombardiers ont effectué un entrainement sur le polygone d'essai de Captieux (Gironde et Landes) dont la surface est à peu près équivalente à Paris-centre (10 km²). Pour l'occasion, l'Armée de l'Air a mobilisé différents éléments :

  • des Joint Terminal Attack Controller (JTAC) du Commando parachutiste 20 (CPA 20)
  • des militaires de l’escadron de protection de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan (Landes)
  • des militaires du 1er Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (1er RPIMA)
  • 1 drone MQ-9 Reaper de l'escadron 1/33 Belfort, provenant de la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard (Charente)
  • des avions de combat Rafale du Régiment de chasse 2/30 Normandie-Niémen, depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan (Landes)
  • un ravitailleur KC-135FR des forces aériennes stratégiques, qui a décollé depuis la base aérienne 125 d'Istres-Le Tubé (Bouches-du-Rhônes)
Fin d'exercice pour les B-52H après de trois heures d'entrainement au-dessus de Captieux.
Fin d'exercice pour les B-52H après de trois heures d'entrainement au-dessus de Captieux. © ADS-B (carte), Air&Cosmos (montage)
Fin d'exercice pour les B-52H après de trois heures d'entrainement au-dessus de Captieux.

Il faut noter que le Commandement aérien allié (AirCom) cite également la présence de forces spéciales italiennes au sein de cet exercice. Peu d'informations sont actuellement disponibles, l'Armée l'Air et de l'Espace n'a d'ailleurs pas publié de communiqué sur cet exercice. AirCom précise que l'exercice visait à améliorer l'interopérabilité bombardiers-drones-troupes au sol tout en confirmant les différentes procédures utilisées. Après un peu plus de trois heures d'exercice, les deux B-52H ont été ravitaillés par le KC-135FR des forces aériennes stratégiques avant de repartir vers leur base de Fairford.

Pour cet article, je tenais tout particulièrement à remercier le 350ème escadron de chasse de Florennes (2ème Wing Tactique, Composante Air) pour les informations et images reçues en vue de l'écriture de cet article.

Commentaires
06/09/2022 18:45
854 mots

Exercices multiples pour les B-52 en Europe : gros déploiement belge sur l'Allemagne et entrainement avec l'AAE en Provence

Depuis la mi-août, deux B-52 de l'USAF sont déployés en Europe. La plupart de leurs vols comportent des entrainements avec des forces aériennes européennes. Le 24 août, la Belgique mobilisait pas moins de 10 F-16 pour une COMAO avec les bombardiers et le 31 août, ces derniers effectuaient un entrainement au-dessus de Captieux, avec des éléments de l'Armée de l'Air et de l'Espace.

Exercices multiples pour les B-52 en Europe : gros déploiement belge sur l'Allemagne et entrainement avec l'AAE en Provence
Exercices multiples pour les B-52 en Europe : gros déploiement belge sur l'Allemagne et entrainement avec l'AAE en Provence

Bomber task force en Europe

Suite aux récentes tensions avec la Russie, il n’est pas rare de voir de nombreux moyens aériens américains déployés en Europe, comme c’était le cas à la fin du mois de juillet, avec l’arrivée de 12 chasseurs furtifs F-22 de l’Armée de l’Air américaine (USAF) (voir l’article centré sur ce sujet).

Depuis le 19 août, ce sont aussi deux bombardiers stratégiques B-52H Stratofortress qui sont déployés depuis la base aérienne de Fairford (Gloucestershire, Royaume-Uni). En dehors de sa capacité à délivrer le feu nucléaire ou encore de larguer des bombes (51 Mk 82, 18 Mk 84,…), c’est surtout un appareil utilisé pour lancer de nombreux missiles air-sol ou bombes guidées. Ainsi, un seul B-52H a la capacité d’emporter 20 missiles de croisières AGM-86C ou 12 JSOW ou encore 12 JDAM.

COMAO sur l’Allemagne

Le 24 août, une COMAO s’est rassemblée dans le ciel allemand. Une opération aérienne composite (ou COMAO) comprend divers avions de combat au sein d’une formation capable de répondre à de nombreuses menaces. Dans ce cas-ci, il s’agissait de pouvoir contrôler un espace aérien afin d’ouvrir la voie aux deux B-52H. Les unités engagées comprenaient notamment :

  • 2 B-52H de l’USAF (Fairford, Royaume-Uni)
  • 2 Eurofighter de la Luftwaffe (Nörvenich, Allemagne)
  • 2 Tornado IDS (interdiction et attaque) de la Luftwaffe (Nörvenich, Allemagne)
  • 4 F-16 de la Composante Air (Florennes, Belgique)
  • 6 F-16 de la Composante Air (Kleine-Brogel, Belgique)

Au sol, des unités allemandes étaient également présentes sur le champ de tir de Baumholder (Rhénanie-Palatinat, Allemagne) : JTAC, contrôleurs aériens, moyens de commandement et de contrôle.

Il faut remarquer que la Composante Air avait déployé un nombre important de ses moyens de combat pour cette COMAO puisque ce sont presque 20 % des F-16 belges qui participaient à cet exercice. D’ailleurs, le rôle de commandant de mission de la COMAO était assuré par un pilote belge. Cette mission a permis d’améliorer la coopération et l’intégration entre les appareils de différentes forces aériennes appartenant à des États membres de l’OTAN.

La fin de la mission s'est terminée sur la base aérienne de Florennes (province de Namur, Belgique) : un B-52H a effectué une approche TACAN sur la piste 26R. Pour rappel, le TACAN est une approche aux instruments qui mène l’avion à 500 pieds au-dessus du sol. C’est une approche de non-précision militaire, comparable à une approche VOR pour les avions de ligne. Le pilote doit voir le sol aux minimas pour atterrir. Le pilote a ensuite le choix entre une low approach (remise des gaz sans toucher de piste), touch-and-go ou enfin atterrissage complet. Dans ce cas-ci, le B-52 a effectué une low approach, en descendant à environ 1.000 pieds (304 mètres) avant de reprendre de l'altitude et repartir vers Fairford.

Tracé d'un des deux B-52H incluant l'approche TACAN sur la base aérienne belge de Florennes.
Tracé d'un des deux B-52H incluant l'approche TACAN sur la base aérienne belge de Florennes. © ADS-B (carte), 350th Sqn (TACAN), Air&Cosmos (montage)
Tracé d'un des deux B-52H incluant l'approche TACAN sur la base aérienne belge de Florennes.

Les Forces armées belges dans leur ensemble sont très actives au sein de l’OTAN, comme le démontre deux missions récemment terminées ; 

  • les 300 militaires de la Composante Terre déployés en Roumanie au sein d’un bataillon français. La Composante terre reste cependant présentes avec l'arrivée au début du mois d'août de 70 militaires du génie afin de construire la nouvelle base.
  • le déploiement de 4 avions de combats F-16 (bases aériennes de Florennes et Kleine-Brogel) pendant 8 mois en Estonie pour la mission Baltic Air Policing et ensuite prolongés au sein de la mission enhanced Baltic Air Policing.
(de gauche à droite) 3 F-16 belges, deux B-52H, un quatrième F-16 belge, deux Tornado IDS et deux Eurofighter allemands.
Vue d'une partie de la COMAO : (de gauche à droite) 3 F-16 belges, deux B-52H, un quatrième F-16 belge, deux Tornado IDS et deux Eurofighter allemands. © 350 Sqn
(de gauche à droite) 3 F-16 belges, deux B-52H, un quatrième F-16 belge, deux Tornado IDS et deux Eurofighter allemands.

Entrainement sur Captieux

Le 31 août, les deux bombardiers ont effectué un entrainement sur le polygone d'essai de Captieux (Gironde et Landes) dont la surface est à peu près équivalente à Paris-centre (10 km²). Pour l'occasion, l'Armée de l'Air a mobilisé différents éléments :

  • des Joint Terminal Attack Controller (JTAC) du Commando parachutiste 20 (CPA 20)
  • des militaires de l’escadron de protection de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan (Landes)
  • des militaires du 1er Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (1er RPIMA)
  • 1 drone MQ-9 Reaper de l'escadron 1/33 Belfort, provenant de la base aérienne 709 de Cognac-Châteaubernard (Charente)
  • des avions de combat Rafale du Régiment de chasse 2/30 Normandie-Niémen, depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan (Landes)
  • un ravitailleur KC-135FR des forces aériennes stratégiques, qui a décollé depuis la base aérienne 125 d'Istres-Le Tubé (Bouches-du-Rhônes)
Fin d'exercice pour les B-52H après de trois heures d'entrainement au-dessus de Captieux.
Fin d'exercice pour les B-52H après de trois heures d'entrainement au-dessus de Captieux. © ADS-B (carte), Air&Cosmos (montage)
Fin d'exercice pour les B-52H après de trois heures d'entrainement au-dessus de Captieux.

Il faut noter que le Commandement aérien allié (AirCom) cite également la présence de forces spéciales italiennes au sein de cet exercice. Peu d'informations sont actuellement disponibles, l'Armée l'Air et de l'Espace n'a d'ailleurs pas publié de communiqué sur cet exercice. AirCom précise que l'exercice visait à améliorer l'interopérabilité bombardiers-drones-troupes au sol tout en confirmant les différentes procédures utilisées. Après un peu plus de trois heures d'exercice, les deux B-52H ont été ravitaillés par le KC-135FR des forces aériennes stratégiques avant de repartir vers leur base de Fairford.

Pour cet article, je tenais tout particulièrement à remercier le 350ème escadron de chasse de Florennes (2ème Wing Tactique, Composante Air) pour les informations et images reçues en vue de l'écriture de cet article.



Commentaires